Le voyage de Takoumi

Saison 3

Non classé

Horizons lointains

Nous venons de poser pied à terre après quatre jours empreints de liberté, de bonheur, de plaisir retrouvé de naviguer, de mouillages plus jolis les uns que les autres…et de sérieuses contrariétés concernant l’état du bateau…Mais avant de rentrer dans ces détails je me dis qu’il est temps de mettre fin au suspense concernant le plus grand projet qui nous anime depuis quelques mois: le second voyage de Takoumi…

Alors je vous le dis d’un trait sans tergiverser sachant que comme pour le saut de l’Atlantique nous avancerons pas à pas dans cette direction sans jamais nous contraindre à ne pas changer d’avis en cours de route!

Nous comptons quitter la marina de Rivière Sens vers le 1er Décembre pour remonter les Antilles en découvrant les îles vierges, une partie des grandes Antilles notamment la République Dominicaine, les Bahamas et la Floride. De là ou plus au Nord des Etats-Unis nous entamerons notre descente et traversée vers Cuba, Cancún au Mexique et descente du Golfe jusqu’à Panama. Nous espérons avoir traversé le canal de Panama en Avril afin de descendre les côtes Pacifiques de la Colombie, du Pérou et du Chili pour arriver à Valparaiso où nous équiperons Takoumi des derniers détails pour le passage des canaux de Patagonie en hiver 2017. Nous devrions passer un ou deux mois dans le canal de Beagle d’un petit bout du monde me semble-t-il…Ensuite nous remonterons les côtes Atlantiques de l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et la Guyane Française avant de rejoindre les petites Antilles fin Juillet 2018 au plus tard.

C’est un voyage qui nous paraît gigantesque, une fois et demie la route du premier, complexe, totalement différent et dépaysant, mais nous n’arrivons pas à nous projeter ailleurs, aussi nous allons tenter de vivre cette expérience jusqu’au bout…

Alors de retour d’un WE pépère aux Saintes il m’est facile de rêver et j’espère, de le partager un peu avec vous ce rêve… Cependant, je ne rêve pas, bien au contraire, et fais plutôt la liste – que je vous épargnerai à cet instant – des équipements « vitaux » sur lesquels nous devons absolument pouvoir compter et qu’il nous faut malheureusement réparer ou solutionner avant meme d’envisager un tel voyage! Le suspense demeure mais la route est tracée.

Dure reprise et « Saintes » journées

Depuis notre retour, travail, repos et visites conjuguent notre quotidien et un beau matin, alors que le bateau est prêt, l’envie de bouger est plus forte et il est temps pour nous de reprendre nos marques sur la mer.

Pas une grosse traversée pour la reprise, non, une petite escapade de « week-end » pour retrouver le mouillage « du bois joli » aux Saintes que nous apprécions particulièrement et qui nous semble une destination idéale, éloignée de dix miles à peine, pour nous remettre le pied à l’étrier. Mais voilà, « l’étrier » est un terme d’équitation, pas de marine …

Le jour J, nous sommes levés dès potron-minet, comme tous les jours depuis notre retour car nous veillons à conserver le bénéfice du décalage horaire pour travailler le matin dans une fraîcheur toute relative … A la « presque fraîche » donc, je me lance dans le redémarrage du moteur d’annexe, histoire de finir au plus tôt pour nous garantir un départ avant midi. Mais voilà, le capricieux moteur refuse tout service avant 11 heure, et surtout avant de m’avoir « arraché » les bras à longueur de tentatives de démarrage. Qu’à cela ne tienne, le mouillage convoité est proche et comme nous sommes exténués, nous décidons de déjeuner dans un endroit où nous n’aurons ni cuisine ni vaisselle à faire avant de partir … pas une mauvaise idée en soi, mais à notre retour, il nous reste encore toutes les amarres du quai que nous ne pouvons laisser en vrac et qu’il nous faut dénouer et ranger si nous souhaitons conserver notre image bon teint de voisin soigneux … une demi heure de lutte avec quatre nœuds tous récalcitrants et voilà notre repos « dejeunatoire » consommé et oublié juste avant de partir …
A ce moment là, nous avons un doute, il est quinze heures et le soleil se couche vers dix-sept heures trente, ça va faire juste, mais c’est jouable et nous avons tellement envie de partir que eh bien … nous partons … certes éreintés, mais heureux et confiants de notre coup … au pire, nous arriverons juste après le crépuscule … Ben voyons ! Ce n’est pas comme si nous en étions à notre première erreur d’appréciation, mais nous arrivons au mouillage à près de vingt heures, soit trois heures après nos meilleures estimations et plus du double de temps de navigation.

L’exécrable précision de nos estimations trouve bien entendu son origine dans notre infaillible optimisme, c’est certain, mais pas que … après quatre mois de stationnement dans les mers chaudes, la carène de Takoumi ferait pâlir de jalousie les jardiniers chargés d’entretenir les murs végétaux qui égayent la place de la Nation. Du coup, en plus d’une lourdeur dans les manœuvres de port, nous redécouvrons un bateau devenu asthmatique … pas plus de trois nœuds là où nous en attendions cinq au même régime moteur, bien aidé il est vrai par un vent et une mer contraires, mais quand même … il va y avoir du boulot au prochain carénage !

A ce moment là, nous devrions mettre les voiles (ou la « patate Perkins ») en sortant du port pour gagner quelques dixièmes de nœuds … c’était sans compter sur les hasards de la mécanique et de l’électricité. Au chapitre des absents à l’appel, nous trouvons le loch (ou compteur de vitesse) et le … pilote-auto. Nous commençons par nous mordre les doigts de ne pas avoir fait de tests avant le départ et comme cela ne nous fait aucun bien, nous préférons les utiliser pour réparer.
Dans un premier temps, le pilote, car il nous semble que le « relais auto » est à nouveau en cause … une bonne demi-heure de recherche alternée pour retrouver cette fichue pièce de rechange et deux minutes pour la remplacer, vous y croyez vous ? Parce que nous nous y croyons, et pour du beurre en plus, car le vilain pilote refuse toujours de reprendre du service.
Bon, « tant pis », nous passons au loch, au moins pour connaître la vélocité à laquelle nous n’avançons pas. Un petit fil rebranché plus tard et nouvelle déception … toujours inanimé … à ce moment là, nous savons que nous ne serons jamais avant la nuit au mouillage et qu’au troisième « machin qui pète » nous pourrions passer d’une situation risible à inconfortable.
Plutôt que de rebrousser chemin, nous persévérons quand même dans la recherche de la faille qui nous crève les yeux … et effectivement, l’énormité du gros branchement électrique débranché n’aurait jamais dû nous échapper.
Une fois la faille comblée, nouvel appel et « oh! », miracle, le pilote accepte de reprendre son activité longtemps abandonnée. Par contre, le loch a un comportement curieusement curieux qui n’est résolu qu’une fois le fameux petit fil à nouveau débranché. Comme quoi, parfois, il est tentant de « réparer » ce qui ne devrait pas l’être et il est facile de se faire promener par un circuit électrique « un peu » vieillot.

Enhardis par notre équipement retrouvé, nous décidons enfin de mettre les voiles. Sacreubleu ! Nous ne sommes pas là pour nous tourner les pouces !
À cause de nos vacances prolongées qui nous ont quelque peu rouillés, nous décidons de prendre un ris dans la grand voile, histoire de conserver un chouïa de marge quand nous arriverons dans le « canal des Saintes à la Guadeloupe » et de ne pas nous faire surprendre comme des poussins frais sortis de couveuse …
Et bien les poussins auraient mieux fait de mieux préparer leur sortie !
A la première levée, la voile a une allure bizarre … en forme de sac de patates mal tendu … pourtant, nous les avons serrés à bloc ? Comprend pas … l’étude de nos prises de ris révèle la cruelle vérité, nous les avions si scrupuleusement préparés au port que nous n’avons même pas remarqué que nous les prenions dans les mauvais œillets … Et quand les poussins doivent passer vingt minutes sur un pont balloté par la houle pour défaire sa propre bêtise, refaire les choses bien ou presque, eh bien, les poussins râlent …

Et oublient vite, puisqu’une fois le bon ordre et l’équilibre général retrouvé, nous retrouvons la sérénité et la plénitude de la navigation à voile le temps d’un long bord de près qui nous emmène sinon à la vitesse espérée, sinon là où nous souhaitons, au moins dans la bonne direction 😉

A moins d’une demi-poignée de milles de la première île, nous préférons éviter de louvoyer et affalons les voiles aux derniers moments du crépuscule pour relancer le moteur et finir notre périple autant que possible sur le bon chemin. Bien nous en prît, car nous finissons ce petit trajet de reprise sous des trombes d’eau dans une atmosphère chargée de pluie qui nous cache les abords de l’île pourtant à quelques longueurs de là.

C’est donc à l’aveugle et à un train de sénateur en déambulateur que nous entrons au cœur de l’archipel des Saintes, où les vents mollissants balaient les derniers nuages de pluie pour nous garantir un atterrissage confortable et une prise de bouée effectuée dans les meilleures règles de l’art. Au moins profitons nous de la douceur du mouillage avant de nous coucher.

De là au moment où je vous écris, il n’y a plus que le bonheur d’être au mouillage et de n’avoir rien d’autre à faire que de s’y reposer ! Farniente, promenade en tuba et lecture au menu, nous nous remettons proprement de notre petite reprise 😉

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Retour aux affaires

Voilà presque trois semaines que nous sommes de retour à bord et, enfin, nous naviguons de nouveau.

Avant cette sortie, les journées à terre n’ont pour autant pas toutes été chômées. La première affaire est celle de la voiture, merveilleuse car elle existe, est à notre disposition et assume vaillamment sa fonction de « déplaçoire ». Mais vous auriez aimé voir nos têtes à la découverte de l’engin … Peinture rongée par le soleil, cabosses artistiquement disséminées et pare-choc avant qui s’épanche dans un rictus malin bien que solidement fixé tel quel. C’est « presque » sans ironie que je déclare au propriétaire, fort sympathique ceci-dit, que je ne suis pas bien certain de pouvoir identifier mes propres bosses et rayures, le cas échéant. Comparativement, l’intérieur est correct si l’on excepte les plastiques de la console centrale qui cherchent à fuir quand nous ouvrons les fenêtres. Et il faut les ouvrir souvent car la climatisation ne fonctionne plus … mais en fait, nous nous en moquons bien de tout ça, car cette voiture est l’assurance de pouvoir se déplacer pour se promener, s’avitailler et courir aux quatre coins de l’île pour se procurer la multitude de petites choses que nous devons remplacer ou ajouter à notre équipement.

Le tableau à notre arrivée à la marina est idyllique, rien n’a bougé, rien n’est abîmé … que des bonnes surprises, en tout cas, aucune mauvaise. Il faut croire que notre préparation minutieuse a porté ses fruits … c’est toujours mieux que de se dire qu’elle n’a servie à rien 😉

La marina non plus n’a pas beaucoup changée, si ce n’est l’apparition d’une supérette et la disparition du boulanger … ça, c’est un coup dur pour nos papilles qui doivent se contenter de pain industriel mou depuis lors. Toujours est-il que nous retrouvons avec plaisir cette vie de « village » où les habitants, sédentaires ou non, nous reconnaissent et nous accueillent avec le sourire et leur référence respective : Oh, mais ce sont les « bourgognes aligotés  » !.. Bon retour « madame rôti » … Tiens mais ce sont les copains qui sont revenus … sympa quoi !

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Il y a aussi l’affaire du « pouce » que nous avons gardé pour nous jusque-là. Pensez vous, moins de vingt quatre heures après notre atterrissage, nous avons été trop proches de nous rendre à notre « traditionnel » pèlerinage aux urgences. Rien de grave, à ce jour, l’extrémité en cause est pour ainsi dire remise du tranchant et douloureux rappel à l’ordre que je dédie à tous les bricoleurs du dimanche qui nous lisent : bricoler avec une couteau pour s’éviter un aller-retour à quatre mètres de là est une bêtise sans nom.

Là dessus, nous découvrons dans les jours qui suivent la troublante réalité de la météo en cette fin de période cyclonique … Il fait terriblement chaud et nos quatre mois de villégiature en métropole nous ont ramolli le cuir et bouleversé nos mécanismes de régulation interne de la température que nous devons suppléer par des « douches pontons » fréquentes. Nous connaissons alors une période d’apathie sévère avant de subir plusieurs jours d’orages et de pluies discontinus. Durant cette phase de réadaptation, nous redécouvrons les locaux climatisés et secs de la marina où nous passons de longs après-midi à jouer sur nos tablettes à « Catane », le dernier jeu de société que nous avons découvert.

Ceci dit, n’allez pas croire que nous nous limitons à singer des « rats de marina », nous mettons à profit les journées les plus clémentes pour reprendre un peu de tourisme, aux abords de Basse-Terre à Pointe-Noire tout d’abord, puis la découverte de « Jarry » et de ses centres commerciaux, enfin, une journée complète qui nous mène jusqu’aux confins nord de la Basse-Terre où nous déjeunons au cœur du magnifique jardin botanique de Deshaies, là où bassins poissonneux, volières et village des perroquets disputent l’intérêt des visiteurs aux chemins arborés.

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Avec tout cela, le bateau s’équipe peu à peu de tout ce que nous avions remisé dans ses coffres et retrouve son look « prêt à partir » qui lui va si bien. Jours après jours, toujours, les multiples amarres sont rangées pour ne laisser que le minimum nécessaire au maintien du bateau dans sa place. L’air se charge petit à petit des frémissements du départ.

Mais hors de question de partir sans avoir été revoir les poissons, et dès le pouce « baignable », nous nous empressons de prendre rendez-vous avec nos moniteurs de plongée préférés et hormis une oreille récalcitrante les premières minutes, nous retrouvons avec encore plus de bonheur qu’auparavant les fonds populés de la mer des Caraïbes. Bancs de poissons multicolores, poissons coffre et porc-épic, araignées, serpentines, crevettes-pistolet et murènes-léopard se sont sans doute réunis pour venir voir … ceux qui sont revenus.

Qu’on ne se trompe pas!

Alors que d’importants changements ont été decidés dans la nuit, je voulais entamer ce second chapitre de notre périple qui a commencé il y a quinze jours, à notre retour de « métropole » comme ils disent ici, aux Antilles. Le frère d’un copain d’une connaissance est venu nous chercher à l’aéroport en nous laissant sa voiture en « prêt » – c’est à dire le système local de location de voiture à prix raisonnable – mais aussi d’entraide entre métros, locaux, rigolos de passage comme nous qui étions bien contents de trouver cette solution pour les premières semaines en Gwada. Une merveilleuse Xara dont l’état indescriptible aurait fait passer notre vaillante Renault 11 pour une voiture neuve….

Retour à Marina RIvière Sens près de Basseterre où nous entamons le ré habillage de notre beau bateau Takoumi retrouvé avec plaisir et rassurance après quatre mois… quatre longs mois sans effet sur son état général et sa capacité d’accueuil. Les sièges comfortables et véritable douche privative nous manquent un peu! Mais somme-toute la vie d’extérieur par 30 degrés, les pélicans, les poissons tropicaux, les agoulous (sandwichs très très complets) nous conviennent plutôt bien en revenant de Paris en plein automne. Après une semaine de sueur tant à cause de la chaleur orageuse que de quelques bricolages créatifs, nous sommes prêts à naviguer demain pour une première visite aux Saintes!

Nous avons beaucoup dormi depuis notre retour « sur mer », retrouvé des copains, plongé avec des araignées, des murènes léopards, des poissons lion – et déjà reperdu quelque kilo(s) – nous le pensons en tous cas!

L’heure n’est néanmoins pas encore au « count down » du second voyage de Takoumi que nous vous expliquerons et profilerons très bientôt. En attendant en ce jour d’élection américaine, je souhaitais partager qu’il y a autre chose ici bas que « les infos », la peur et la morosité ambiante. Il y a aussi le Vendée Globe, et surtout l’aventure, la volonté d’aboutir et de découvrir, ainsi que la chaleur des échanges familiaux et amicaux qui nous ont ressourcé ces derniers mois, et nous poussent à poursuivre ce récit dont vous faites partie.

A bit like home…

De retour à Marina Riviere Sens au terme de ce premier long voyage, nous retrouvons la Basse Terre de Guadeloupe – comme nous l’avions quittée il y a deux mois. Nos escapades à la cascade aux Ecrevisses et au bassin du Paradis en témoignent, nous aimons cette terre et nous y sentons accueuillis par tous ceux avec qui nous avons partagé ces dernières semaines.

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Pendant que nous préparions le bateau pour la vilaine période à venir, nous avons passé de nombreuses soirées amicales et notre premier niveau de plongée – histoire de garder le pied marin – avec nos chaleureux moniteurs Fanny et Stephane ! Rendez-vous compte, ils sauvent des tortues coincées dans les filets de pêcheurs et nourrissent des Pelicans blessés avec les jumeaux de 11 ans, Gabin et Raphaël, que nous aurons grand plaisir à retrouver dans quelques mois.

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L’heure de l’apéritif venant à Rivière Sens, nous découvrons l’aventure Patagonienne de notre sympathique voisin de ponton Thierry dont « c’est le monde » et dont les contes de navigation nous transportent…En effet, la Patagonie était une destination lorsque nous entreprenions ce voyage il y a un an….

Mais lorsque nous avons rejoint les Antilles en Janvier la réalité nous rattrapait, rejoindre le Brésil n’a vraiment rien d’évident compte-tenu de la houle, des courants et du sens des vents dans cette partie du monde… Alors beaucoup demandent si c’est possible?

Tout est possible moyennant le double de temps, des équipements robustes, une bonne dose de forme physique, mentale et la volonté d’entreprendre de telles routes qui, pour cause, n’apparaissent pas dans les ouvrages de grandes croisières. Somme toute, tout navigateur un peu conscient va logiquement les éviter – s’il le peut bien-entendu, ou s’il ne s’est pas fixé au contraire l’objectif de surmonter cette épreuve plutôt sportive en mer, donc dangereuse. En attendant, l’aventure de Thierry nous a relancés concernant la Patagonie…et nous ne manquerons pas de revoir comment nous pourrions y arriver lors d’une prochaine étape… En virant l’Amérique du sud dans le sens inverse des aiguilles d’une montre peut-être ?

A présent, une nouvelle escale en métropole s’annonce pour nous pendant laquelle nous prendrons du recul et déciderons justement de la suite de notre route à bord de Takoumi. A bientôt pour de nouvelles aventures!

Scandales aux Antilles, les « Takoumi papers » ou « International liming » à Deshaies.

Précédemment dans « St-Kitts & Nevis, Monserrat », vous avez découvert que l’équipage de Takoumi avait oublié les papiers du bateau sur une île au nord de la Guadeloupe … à Nevis.
Ces documents sont importants car ils sont nécessaires pour toutes les fameuses formalités et je n’ose pas imaginer les tracasseries si tu ne peux justifier de la propriété de ton navire en cas de contrôle …

Bon, nous n’étions pas démunis, car nous avons imprimé, au mouillage, une copie provenant d’un très mauvais scan, pour assurer le coup au cas où. D’ailleurs, qu’est-ce que cela consomme comme électricité ! Aux premiers essais d’impression, refus et black out de l’imprimante : « inverter » (transformateur 12 vers 220 volts) en surcharge … Pas mieux pour les tentatives suivantes avec le moteur allumé pour maintenir la tension du circuit 12 volts … Qu’à cela ne tienne, on sort le groupe électrogène qui lui aussi peine sévèrement à alimenter la gargantuesque imprimante. Il faudra persévérer avec insistance pour pouvoir imprimer deux fois, une par une, les deux faces du document. Pourquoi deux fois ? Parce que comme toujours avec les impressions recto-verso en deux phases, la première copie présente sur ses deux faces un sens de lecture tête bêche … Arrêtez de sourire comme ça, cela vous arrive à chaque fois à vous aussi 😉

L’histoire aurait pu être bien plus pénible si un aller(au portant) / retour(vent dans le pif) s’était imposé. Mais jamais à cours d’optimisme, nous décidons de ne pas descendre à terre à Montserrat, pour éviter les autorités justement, et de partir des potron-minet pour la Guadeloupe où les formalités sont à la mode française, c’est à dire limitée à une saisie déclarative sur un ordinateur dans une boutique de souvenir 😉 En ce qui concerne les papiers, nous gérerons le dossier ultérieurement, comme on dit dans l’administration.

Le contact avec l’administration présumée détentrice des documents, le bureau d’immigration de Nevis, est plutôt bon. Bien entendu, dans un premier temps – par défaut dirons nous – ils n’ont pas nos papiers mais la femme officier va jusqu’à nous demander nos arrêts dans l’île afin d’y retourner pendant sa pose déjeuner … Plutôt sympa non ? Ceci dit, c’est inutile, après sans doute une rapide inspection (ou rangement succinct), le graal est retrouvé et nous pouvons envisager un envoi par la poste.

Pendant ce laps de temps, nous arrivons à Deshaies en Guadeloupe … Et constatons que tous les bateaux américains au mouillage de Montserrat sont arrivés avant nous alors même que nous étions les premiers sortis de la baie … Nous ne sommes pas dépressifs, mais cela porte un coup à l’amour propre quand même … Heureusement, l’honneur est sauf, ils ont tous navigué voiles ET moteur sur ce bord de près. En d’autres mots, ils ont triché et sont donc déclassé !

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C’est l’un des équipages de ces bateaux que nous rencontrons en premier, des notre appontement, car nous sommes tous à la recherche de l’ordinateur dédié aux formalités … Il sera finalement découvert après un bon nombre d’aller-retour au fond d’une improbable boutique de vêtements souvenirs. Il est aussi compliqué pour un américain d’utiliser un clavier français, que l’inverse pour nous … alors la saisie prends du temps pour eux et le temps est mis à profit pour sympathiser avec Shelly et John de « Planet Waves ».

Plus tard, en soirée, nous avons le plaisir de retrouver devinez qui ?.. L’équipage de Kalisea qui nous avait quitté à Nevis pour faire un crochet par Antigua plutôt que Montserrat. En morte saison : mauvaise pioche semble-t-il.

Comme nous avons conviés nos américains à nous rejoindre en terrasse pour boire un verre, ils arrivent quelques minutes après accompagnés de Hanck que nous découvrons et qui tentera de contacter un ami « en retard » sur la route vers le sud et qui devrait encore être à Nevis … Peine perdue, l’ami en question arrive le surlendemain, sans nos papiers … mais avec le « zika » ! Pourtant, ils sont passés à l’immigration, mais leur destination était Montserrat, pas la Guadeloupe …

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Du côté de l’administration de Nevis, les pourparlers va bon train, elle demande à chaque bateau de passage s’ils sont sur la route de Deshaies car un envoi par la poste semble être hors procédure … Nous allons bien finir par avoir un peu de chance sacreubleu !

Et puis un jour, genre lendemain encore, un couple inconnu nous aborde en annexe au son de « c’est vous qui avez oublié vos papiers à Nevis ? » … Sur le moment, ma seule réflexions est « mais tous le mouillage est au courant ou bien ? ». En fait, Regina et Mathias sont allemands, n’ont aucun lien avec le groupe d’américains, mais ils ont eux aussi un ami « en retard » qui viens juste de les prévenir qu’il arriverai quelque jours plus tard avec les papiers d’un bateau français ! Victoire et café de bienvenue, il ne nous reste plus qu’à patienter quelques jours que Christophe et Roswitha sur « Scout » nous rejoignent.

De ces jours d’attente, nous profitons pour suivre Kalisea une ultime soirée en baie de Malendure où le capitaine prépare sont niveau 1 de plongée. Je suis bien content d’avoir fait ce trajet supplémentaire plutôt que de succomber à l’envie de « feignasser » au mouillage. Je me disais bien qu’il serait compliqué de croiser leur route de nouveau … Bon vent Kalisea, nous avons adoré partager ces moments avec vous et espérons vous revoir bientôt 😉

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Les adieux (et un peu de rhum) consommés, nous retournons patienter à Deshaies où nous avons une « vie sociale » inédite au mouillage … Shelly et John organisant un apéritif dînatoire où la presque totalité des américains du mouillage sont présents, cela nous fait rencontrer du monde en plus des allemands avec lesquels nous partageons le « tea time » …

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Shelly et John en sont à leur second voyage dans les Caraïbes, le premier datant du début des années 70. Nous les soupçonnons d’avoir été en leur temps des « hippies de la mer » … Et de l’être restés encore un peu 😉 ils sont de bons conseils, nous fournissent des informations précieuses sur les « Intracoastal Waterways » américaine que nous hésitons à emprunter l’année prochaine et rêvent de rejoindre l’Europe et la Méditerranée dans un avenir pas si lointains … Ils y seront les bienvenus 😉

Regina et Mathias ont, pour leur part, traversés cette année depuis la hollande avec un … 32 pied (10 mètres quoi) … Respect ! Le bateau est fort bien préparé et donne malgré sa taille un sentiment de sécurité qui me porte à croire que moi aussi je pourrais envisager une traversée à moins de 12 mètres … mais je dois contrôler encore un ou deux petits détails portant sur le confort avant de nous lancer …

C’est un jour où ils nous ont demandés de garder un œil sur le bateau au mouillage que prends place l’aventure suivante. Alors que Manue surveille d’un discret coup d’œil l’embarcation teutonne par un bon vent de près de 30 nœuds, qu’elle voit un voilier parti à la dérive emportant bouée et chaîne éviter l’esquif ami pour percuter un gigantesque catamaran de 18 mètres.
Ni une, ni deux, il est temps pour nous de « rembourser » à la communauté le sauvetage de « Takoumi » à Syracuse (pour ceux qui suivent).
Manuela entreprend de prévenir les autorités, en fait, elle cherche à joindre un bateau plus proche dans le mouillage mais personne ne lui répond. Toutefois, le temps de préparer l’annexe et de me lancer à travers la baie, deux autres annexes sont déjà sur zone et commencent à manœuvrer tant bien que mal le voilier fou qui semble dépourvu de ligne de mouillage …
Comme je monte à bords, les rafales de vent retournent l’annexe et son moteur, mais comme j’en ai déjà parlé, cela n’est plus pour nous et depuis longtemps qu’une simple péripétie et certainement pas une catastrophe. Les co-sauveteurs avouerons plus tard avoir été (entre autres choses moins glorieuses) assez intrigués de me voir ne consacrer qu’un temps limité et aucun énervement au retournement de mon propre canot 😉
Une fois monté à bord, j’entreprends de libérer la bouée inutile et de trouver de quoi organiser un mouillage forain sinon solide, au moins suffisant. Mais la tâche est longue et assez peu couronnée de succès.
La pression monte d’un (ou deux) cran(s) quand les co-sauveteurs décident de jeter le bateau sur les rochers pour l’empêcher de dériver … Là, désolé, mais je ne comprends toujours pas comment on peut avoir une idée pareille … Et surtout, comment la justifier … À mon avis, il vaut mieux garder son cul dans un transat et boire un planteur en assistant au spectacle plutôt que d’entreprendre cette gabegie…
Toujours est-il qu’à 1 minute des rocher j’annonce avoir un mouillage … C’est un peu faux je doit l’admettre, l’ancre extirpée de la baille a mouillage ne peut pas être fixée sur la chaîne qui pour sa part ne peut être détachée de la bouée …
Qu’à cela ne tienne, mon mensonge ne m’a fait gagner qu’une minute et heureusement encore que la femme à la barre l’ait entendu. A moins de dix mètres des rochers ou le bateau se dirige encore sur son ère, je « balance » tout ce que j’ai trouvé de chaîne, je le rappelle sans ancre, pour convaincre que la situation est sous contrôle… Certainement le grand coup de chance de la manœuvre, la chaîne simple suffit à arrêter in-extremis la folle course aux rochers du voilier en perdition qui, pour le coup, ne l’est plus … en perdition.
La situation stabilisée, mes acolytes me prêtent enfin main forte pour compléter le mouillage de fortune en allant poser plus loin deux ancres attachées à des bouts d’amarrage… C’est tellement plus simple quand on prends son temps et qu’on ne panique pas … On arrive même à sortir DEUX ancres d’un bateau présumé à tort comme dépourvu de mouillage…
Comme il se doit, les évènements de la journée, comme beaucoup d’autres choses, sont commentés à bord du grand catamaran dont les propriétaires, Malou et Dominique, ont participé. « Oh peuchère » c’est immense un catamaran de 18 mètres, le carré n’est plus un carré, c’est un loft avec dépendances … Si ce n’est les conditions d’entretiens, je pourrai me laisser tenter par tant d’espace et de confort. Heureusement, je ne développe aucun sentiment de jalousie tellement l’aspect et le design extérieur de ce grand cata-ketch est … comment dire … curieux 😉 hihihi.

C’est le surlendemain que nous partons pour notre ultime navigation jusqu’à la marina de Riviere-sens où nous prendrons nos quartiers d’été pour préparer le bateau a passer une bonne période cyclonique … sans nous, qui prenons des vacances en métropoles.

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L’affaire de l’annexe

L’annexe, c’est l’affreux morceau de plastique gonflable et généralement motorisé qui permet de rejoindre la terre ferme (ou un bateau copain) depuis un mouillage forain … Et en terme d’affaire, la notre n’en est pas une tellement elle se révèle mal adaptée à notre usage.

À notre corps défendant, nous la savions « légère » pour notre projet de voyage, mais elle équipait le bateau quand nous l’avions acheté et nous préférions « finir celle la » avant d’investir dans une neuve. En plus, j’avais toujours cru que l’évidente mauvaise qualité de l’objet nous épargnerait de la conserver trop longtemps …

… C’était sans compter sur l’improbable opiniâtreté de l’objet à ne pas disparaître de la surface des océans.

Voilà un an donc que nous traînons notre « honte en PVC ». L’outil est tellement méprisable que les bateaux copains prennent désormais souvent la peine de nous proposer de venir nous chercher pour une balade à terre ou un simple apéro à bord … c’est pour dire … Et entre St-Martin et Deshaies, l’affaire a pris des dimensions tout à fait hors des limites acceptables.

Alors, bien sûr, quelques rustines fleurissent ici et là, témoins d’un usage souvent peu respectueux du niveau de résistance du PVC entrée de gamme. Ce fut le cas à Tenerrife (Canaries), au Marin (Martinique) et Prickly Bay (Grenade). Mais cela est, je dirais, un bricolage aussi rapide et gratifiant que commun au point d’être négligeable. Non, le problème, tout comme la vérité, est ailleurs.

Par nature déjà, exploitant sans vergogne les défauts de ses qualités, l’engin présente un très très net déficit de poids ?!?! Bien trop légère pour être stable, un vent un poil plus soutenu qu’un filet d’air suffit à la retourner quand le moteur est à poste. Ainsi, ce dernier a à ce jour, subit quatre (oui, quatre) bains d’eau de mer… Qui à chaque fois nous imposent une demi journée de labeur pour le sauver … Rinçage a l’eau douce, nettoyage (voir échange) de la bougie, purge du carburateur, quatre vidanges successives et d’innombrables (à s’en faire mal) tentatives infructueuses de tirer sur la ficelle de démarrage avant qu’il n’accepte enfin de donner de la voix, d’abord timidement, puis presque normalement pour enfin n’avoir plus que quelques étouffements les deux ou trois jours suivants … Il est parfois long de traverser un mouillage au ralenti, mais c’est plus agaçant que limitant finalement.

La première fois, avait eu lieu à Bequia. A l’issue d’une sortie de plage bien mal organisée, une vague pourtant pas plus haute qu’une taupinière avait retourné comme un fétu de paille embarcation, moteur, sac étanche et votre serviteur. Hormis, la séance mécanique, pas de conséquences autres que d’entrer trempé dans un bar de plage et de devoir faire sécher les billets avant de payer.

La seconde séance sous marine était déjà plus traitre. Alors que j’effectue les formalités de sortie de Carriacou et que Manue surveille nos affaires en terrasse du bar voisin, un client surgit demandant à qui veux l’entendre qui est le propriétaire de l’annexe noire et RETOURNEE, attachée au ponton des annexes ? Cette fois-ci, il s’agissait d’une amarre voisine qui s’était ignominieusement glissée par en dessous avant de se tendre et de balancer le frêle esquif comme on retourne une crêpe un soir de chandeleur.

Nous en arrivons à l’occurrence la plus méprisable du processus, à St-Martin, en baie de Marigot. Invités à rejoindre l’équipage de Kalisea à terre pour le déjeuner, nous repoussons crânement l’offre de venir nous chercher et préparons notre annexe. Une fois le rituel de mise à l’eau / montage moteur promptement mené à bien, nous détournons notre attention quelques secondes pour récupérer sacs et effets personnels. Ce faire quelques secondes de trop, mises immédiatement à profit par une rafale un poil plus forte que la précédente … Techniquement, mêmes causes, mêmes effets, mais en plus, nous devons surmonter le ridicule en rappelant les copains pour finalement accepter l’offre de transfert :-/
Une bonne chose tout de même, l’île de St-Martin est reconnue comme le plus haut lieu de « vol d’annexes » des Antilles … Et en ce qui concerne la notre, personne ne s’y est intéressé … Au moins une occasion où il est préférable de faire pitié qu’envie dirons nous.

Les retournements horizontaux ne sont pas les seules épreuves que nous traversons, à peine quelques jours plus tard, en baie du Colombier (Sr-Bart), nous décidons d’effectuer le trajet inter-bateau à la rame. Les mêmes amis qu’à Marigot sont inquiets de nous voir dériver hors de la baie au moment du retour … Évidement, ils ne peuvent pas savoir qu’une dame de nage vient de se décoller sur le trajet, nous obligeant à dériver une minute, le temps d’organiser et tester une nouvelle méthode de propulsion dissymétrique rame/pagaie …

Les mêmes sont encore témoins d’une ultime péripétie à Nevis, quand sur le départ, pour retourner à notre bord, la ficelle du lanceur du moteur choisit cet instant précis pour se couper et nous interdire toute velléité de démarrage. Cette fois-ci, nous sommes contraints d’emprunter une rame à nos hôtes.pour rejoindre notre bateau, la dame de nage n’ayant pas été recollée à temps, nous avons négligé d’emmener la rame qui ne devait pas nous servir ! Je crois que nos amis commencent à trouver « un peu » ridicule notre entêtement à nous embêter avec cette annexe, en tout cas, c’est ce que je commence à ressentir personnellement. Mais bon, comme on dit, chacun sa croix (ou devrais-je dire … éolienne ? 😉 )

Une dernière épreuve nous attend à Deshaies, où l’annexe se retourne lors du sauvetage (c’est une autre histoire, à venir) d’un bateau à la dérive. La stupéfaction des co-sauveteurs est palpable quant ils constatent avec quelle désinvolture blasée je traite ce qui pour nous est désormais un … non événement.

Alors, après tout ça, vous comprendrez, j’en suis sûr, si je vous avoue songer à abandonner cette annexe attachée à un poteau au bord de la route de notre « retour en vacance » ;-).

J’ajoute un petit mot pour nos amis d’Okeanos, qui ont sans doute compris avant nous, sans même avoir été témoins directs, les affres de la situation et qui ont été prompt à proposer systématiquement un petit transfert « sportif » en annexe 😉

St Kitts & Nevis, Montserrat

Malgré le départ retardé de St-Bart, nous partons pour St-Kitts tambours battants, dans une belle brise et des performances gratifiantes bien que nous soyons vite rattrapé et dépassé par Kalisea avec qui nous naviguons de conserve, et qui file une fois et demi plus vite que nous. En fin de soirée, nous rejoignons Kalisea à Charleston sur l’île de Nevis et non St Kitts. Les vents favorables ayant propulsés nos partenaires de navigation jusqu’à l’île suivante de bonne heure, nous en serons quitte pour une arrivée et une prise de la toute dernière bouée aux dernières lueurs du soleil.

St Kitts

Après des formalités d’entrée interminables et une visite de la ville un peu déserte – malgré qu’elle soit en fête , nous découvrons le « Turtle Time » en face du mouillage où nous passerons plus de temps qu’il n’en faut! Ce confortable tikki bar nous permet de nous reconnecter et même de débattre des derniers événements chaotiques en France, tout en nous questionnant sur notre futur retour avec un peu d’appréhension…Nul ne sait comment il ou elle réagira. L’un d’entre nous est rentré en France quelques jours récemment et nous rapporte un curieux ressenti à porter des chaussures de ville. Olivier y pense presque à chaque fois qu’il enfile ses tongs depuis 😉

De retour à bord nous observons les activités du dimanche des locaux en regardant passer le ferry devant le bord de mer, envahi par des dizaines de familles et jouant de la musique à fond – mais vraiment à fond – Pour tout vous dire, depuis le temps, nous pensons que les caribéens sont sourds.
Takoumi traîne deux jours de plus que les copains Kalisea – déjà partis – en attendant que le vent tourne à l’Est. En effet, redescendre les Antilles est autrement plus difficile que de les remonter! Le vent de sud-est nous refuse la route directe et faisable en une journée. Mais le vent ne tourne pas…pas comme prévu, aussi, rechignant à retourner voir les douanes et l’immigration afin de décaler notre départ, nous finissons par repartir vent de face…

Nevis

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Montserrat, ile dévastée par son volcan encore actif, n’est qu’à une trentaine de miles et sera notre dernière escale avant de rejoindre la Guadeloupe au début de la saison cyclonique. La navigation est houleuse et au moteur, un choix difficile et inconfortable mais qui nous permet d’arriver dans le tout petit mouillage désuet au nord ouest de l’île, avant la tombée de la nuit. Nous avons juste le temps de descendre à terre pour faire les formalités d’entrée avant la fermeture… dans l’honorable objectif de rétablir notre situation avec l’immigration locale …

Et … nous ne descendrons jamais à terre a Montserrat, fuyant une éventuelle rencontre avec les autorités portuaires au lever du jour, car les documents du bateau sont restés à … Nevis … mais ça c’est toute une histoire…

Montserrat

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St Bart’ St Mart’

Depuis la traversée, nous n’avons passé que quelques nuits en mer donc en quittant Barbuda, nous ressentions un mélange d’envie et d’appréhension en vue de parcourir les 60 miles nord-ouest jusqu’à destination. Nous avons profité d’un bon vent, à belle allure et sans grains malgré les éclairs au loin ainsi que des flashs lumineux sous-marins dont nous n’avons toujours pas élucidé la nature. Cerise sur le gâteau, nous avons croisé une baleine au coucher du soleil : instants magiques!

En fait, nous avions prévu de bouder l’île Saint Barthélémy en route vers Saint Martin mais « c’est comme si tu passais a Cogolin sans t’arrêter a Saint Tropez » nous dît-on…Alors nous y sommes arrivés à l’aube du 1er Mai accueillis par une tortue. C’est toujours un bon signe d’être accueillis par une ou plusieurs tortues.

Le premier accostage en ville est sans intérêt : tout est fermé et il pleut beaucoup. Le second révèle un village très huppé, cher mais agréable, vivant et accueillant. En d’autres mots, petit comme Juan-les-pins, marqueté comme la Croisette à Cannes et peuplé par les mêmes zouaves qu’à St-Tropez … Comme un goût de chez nous quoi …

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Nous retrouvons contents le premier vrai supermarché depuis notre départ de Guadeloupe – mais les légumes se vendent à prix d’or : 6 ou 12 euros le kilo de tomates importées ou locales ! Pas de légumes donc …
Qu’à cela ne tienne, nous nous en consolons au « Bar de l’Oubli » pendant que des trombes d’eau nettoient Takoumi au mouillage au fond de la baie de Gustavia.

L’architecture est d’influence bretonne et normande et comme cette île n’a pas connu l’esclavage choisissant de se débrouiller seule entre colons, nous sommes très surpris de ne croiser que des blancs durant tout notre séjour. En somme, une île très peu « créolisée ».

Enfin, bien que le mouillage soit totalement inconfortable, très rouleur il nous permet d’explorer le Gros îlet aux abords de Gustavia, ses oiseaux, ses coraux et milliers de poissons tropicaux.

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Mais toutes les îles françaises ne se ressemblent pas et nous rejoignons ensuite l’ile Saint Martin par la côte au vent, navigation très agréable entre ces îles entourées de plein d’autres petites îles et îlots très sauvages – qui nous offrent un paysage fantastique. Saint Martin est une île partagée entre les Hollandais et les Français qui au fil des rencontres me rappellera un peu la Belgique divisée et pour résumer, mon sentiment est que les Hollandais offrent beaucoup de services et achats intéressants et la côte française les plus beaux mouillages. Le partage originel de l’île, déterminé par une « course à pied » entre les champions des deux nations, ne semble pas très écologiquement équitable à première vue, mais les bataves s’en sortent bien en conservant l’industrie des marais salants. Pour ne rien changer, les uns bossent, les autres glandent.

Nous avons passé du temps en baie de Marigot, Marina Port Louis, pittoresque et fort populaire Sandy Ground. Notre préférence va vers le mouillage et village de Grand Case où nous avons passé de supers moments avec les copains – Kalisea et Okeanos – que nous avions quittés en Martinique.
En conclusion, mis à part quelque soucis d’annexe décidément récurrents, ce sont les grandes vacances en bord de plage et en bonne compagnie!

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Derniers conseils pour les navigateurs, attachez vos annexes et faites vos formalités à Budget Marine (Sandy Ground) afin d’éviter la surtaxe des autorités portuaires…et si besoin, rejoignez le dinghy dock au centre de la marina Port Louis, en cercle, grimpez la petite échelle déboulonnée avec vos sacs de linge que vous pouvez déposer dans de grandes machines américaines juste là. Au choix, déjeuner en face au Plongeoir ou dans l’une des excellentes boulangeries restaurant – le Divin ou le Serafina – en face du marché (sans intérêt) en attendant..

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Mais à ce stade, nous avons atteint le point le plus au nord que nous avions prévu de fréquenter pour cette saison et nous entamons la redescente des Antilles.

Donc retour à Saint Bart’ à l’anse du Colombier, mouillage très confortable et fréquenté par plus de tortues que d’humains. Rejoints par Kalisea, nous profitons de la plage de sable entourée de terrains très verts et privés avant de repartir ensemble vers Gustavia où nous partageons un excellent dîner chez Eddy’s Ghetto.
Bon, un petit accident de lâchage de bouée au départ du Colombier nous vaut une demi journée à l’hôpital de Gustavia le lendemain mais rien de grave heureusement !

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La météo se complique en cette fin de saison, donc après moultes tergiversations, hésitations et atermoiements, nous décidons d’un départ matinal pour St-Kitts avec nos amis.

Pour faire bonne mesure, le caractère matinal de ce départ a par contre été mis un tout petit peu à mal par l’association d’une idée géniale et de la loi de Murphy. Préparer les fanions Q et de courtoisie en avance est sans aucun doute une bonne idée, mais quand ils se coincent dans le chariot de grand voile, la galère commence. Démontage du bas du rail de mat, là ça va, mais une dizaine de billes se font la malle quand nous essayons maladroitement de libérer le chariot, elles seront rattrapées et empaquetées pour remontage, mais c’est justement au remontage du rail que les fixations de celui-ci, fatiguées par tant d’années de bons et loyaux services, rendent l’âme et bien évidement, les boulons nécessaires sont d’une taille qui n’existe pas dans la quincaillerie du bord …
En bref, pour une idée géniale et deux malheureuses vis, le tout finit dans un sac, la grand voile ne peut plus être rangée proprement, le fanion de courtoisie neuf est déchiré et nous partons avec deux heures de retard, qui nous manqueronst cruellement pour notre arrivée aux dernières lueurs du soleil couché sur une autre île que celle prévue … Mais ceci est une autre histoire 😉

The Barbuda formality « tour »

Il y a toujours plus d’un chemin pour découvrir une île ou un village, celui que nous avons emprunté à Barbuda, mérite que l’on s’y attarde tellement il est « imbriqué » avec la clearance de sortie.

Alors pour ceux du fond qui ne suivent pas, les formalités de « clearance » sont une sorte de rituel douanier incluant une visite à l’autorité portuaire, aux douanes et à l’immigration de chaque nouveau gouvernement, pour ainsi dire dans les Caraïbes, de chaque îles.
Et comme de bien entendu, chacune à ses manières … Que ce soit une simple déclaration, une visite courtoise mais sérieuse à un ou plusieurs offices ou une rationalisation d’un racket d’état à peine caché.
Toujours est-il qu’à Barbuda, la sortie (gratuite), s’apparente à une odyssée touristique.

Pour commencer, les formalités tiennent place à la capitale, qui, comme pour rendre les choses plus aventureuses n’est pas … en bord de mer. Il faut donc avant tout rejoindre la plage en annexe. Traverser une fine bande de terre pour se retrouver face à un lagon large de plus de deux bon milles.
C’est à ce moment qu’intervient « Clifou » (c’est le surnom que je lui ai trouvé), envoyé par la providence à notre secours … Ce dernier nous propose avant tout l’indispensable taxi boat pour traverser le lagon … C’est déjà ça, nous sommes débarrassés de notre annexe et la traversée est effectuée tambour battant.

Une fois en ville, Clifford s’improvise guide administratif et touristique. Et grand bien nous fait ! Il nous accompagne pour commencer à l’office du tourisme qui fait aussi « autorité portuaire » pour la délivrance des clearances (dans un village sans port). Au moins, pour cette fois, nous ne boudons pas d’effectuer cette démarche dans une bonne ambiance de boutique d’artisanat, guides locaux, trucs pour touristes et autres petites fioles de sable rose destinées à devenir le gadget souvenir le plus couru de l’île.

Effectivement, nous n’aurions jamais trouvé seuls.

Puis viens une longue traversée du village (de l’Ouest vers le Nord-Est), ponctuée par les explications et la conversation avec notre guide. Il nous amène enfin devant l’office d’immigration, mais c’est pour nous montrer où il se trouve, nous aurons à y revenir plus tard par nos propres moyens … après les douanes.

Effectivement, nous n’aurions jamais trouvé seuls.

L’immigration identifiée, nous repartons à grand pas pour la douane (longue marche sur un axe Nord-Est / Sud-Est) mais pas sans un court détour par la maison de la copine du douanier, car la voiture de ce dernier est garée devant et qu’il a dû lui rendre visite pour le déjeuner, l’heure tourne et il devient pressant de s’activer sérieusement pour compléter notre « tour » avant l’heure du repas.
Finalement, nous nous retrouvons dans un quartier résidentiel où tout ce qui différencie le bureau des douanes des maisons particulières est une petite pancarte. D’ailleurs, le bureau tiens place effectivement dans une pièce d’une maison particulière dont nous pouvons constater le dépouillement en matière de mobilier ainsi que des instruments de musiques par une porte entrouverte sur ce qui semble être un salon de répétition. Pour le reste du bureau des douanes, il se compose d’un bureau et d’une montagne de documents officiels empilés dans un coin d’où personne n’ira sans doute jamais les retirer par une improbable quête de classification, triage ou même simple rangement.

Encore une fois, nous n’aurions jamais trouvé seuls.

Mais nous sommes pourtant seuls désormais, notre guide nous ayant montré où se situe l’immigration, il est repartis vaquer à ses affaires le temps que nous en ayons fini avec cet ineffable parcours. Et c’est au douanier lui même que nous devons le coup de pouce suivant … L’heure avançant, il s’assure d’un coup de fil que sa collègue et amie de l’immigration nous attendra bien avant de fermer pour la pause de midi.

Nous retraversons alors le village au pas de course pour l’ultime étape administrative, qui se tiens cette fois dans un coquet bureau d’une maisonnette dédiée … et pourvue de la climatisation s’il vous plaît ! Les officiels ne sont pas tous pourvu du même niveau de confort, assurément.

Une fois l’immigration satisfaite, nous poursuivons notre court séjour en ville par une visite plus orientée « tourisme et découverte » incluant quelques achats … mais dans une ville dont, sans la connaître vraiment, nous maîtrisons désormais curieusement bien la géographie.

Et nous voilà de retour au débarcadère pour retrouver Clifford qui nous fera retraverser le lagon.

Mais cette fois là, nous avons retrouvé notre chemin tout seuls …

Un dernier mot pour dire que la clearance a Barbuda nous a pris un peu plus d’une heure et demie et que nous considérons cette durée comme un record de rapidité qui n’a été possible que grâce à l’aide de chacun des intervenants. Clifford, la responsable de la maison du tourisme, le douanier et la fille de l’immigration. Sans eux et leur chaleureux accueil, nous y serions peut-être encore …

Du coup, je suis bien en peine de savoir comment conseiller nos lecteurs navigateurs. Faut-il éviter d’avoir à subir ce parcours du combattant à Barbuda ou dois-je au contraire encourager toutes les velléités de participer à une rocambolesque aventure ?
Nous avons choisis d’y aller, et sommes bien heureux de l’avoir fait.