Le voyage de Takoumi

Saison 3

Non classé

Faux départ

Nous sommes partis de Carthagène un peu trop tôt….nous avions fait les formalités onéreuses sonnant le départ un jeudi. Nous sommes donc partis de bon matin et avons parcouru péniblement les 20 premiers milles contre des vagues de plus de 3m. Quand une vague est venue se briser sur Takoumi nous avons retenu notre souffle et trempés, fait le point sur les prochaines 24h. Et malgré une vitesse moyenne impressionnante de plus de 7 nœuds, nous n’allions pas assez vite pour dépasser la zone de vent fort pendant la nuit. Nous avons décidé de faire demi-tour à temps pour « rentrer » à Carthagène avant la nuit. Le départ est reprogrammé samedi sur la base d’une nouvelle météo et des vagues de 2m50 s’atténuant.

Nous ne regretterons jamais ce faux-départ parce que chemin de la Colombie aux îles Caïmans fut des plus paisibles passées les premières 24h de mer que nous attendions.

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Six-sept cent milles au près en communion avec la mer, le néant le vide, la mer à perte de vue. Tellement vide qu’un oiseau particulièrement sans gêne a squatté à bord, avec une nette préférence pour l’intérieur dont nous avions grand peine à le chasser !

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Quel bonheur aussi de nous baigner le bateau à la dérive lorsque le vent tombe et que nous naviguons quelques heures au moteur. Nous sommes arrivés presque reposés par cette nav’ de cinq jours jusqu’à Grand Cayman que nous retrouvons.

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Vous reprendrez bien un peu de Carthagène ?

Au retour de notre périple terrien, notre premier objectif est de nous occuper de remplacer nos batteries que quatre jours de charge à quai n’ont pas sauvées.

Alors, comment dire, trouver des batteries de services en Colombie est un peu comme la chasse aux champignons; Il faut marcher beaucoup et les premiers que l’on trouve ne sont pas forcément «ni bons, ni même comestibles ». Qui plus est, la batterie de Colombie est un gibier réputé rare et cher.
De fait, nous nous triturons les méninges deux jours durant pour comprendre les absconses spécifications locales des batteries, plus deux autres journées à écumer de long en large les rues de la ville, trouvant notre bonheur en quelques minutes seulement après avoir louvoyé entre les propositions inadaptées et les professionnels compétents mais dépourvus de stock.
C’est aiguillé par un électricien auto que nous dénichons les perles rares derrière l’improbable comptoir de « Multielectricos ». Le patron sait de quoi il parle, sait de quoi nous avons besoin et … dispose d’un stock plus que nécessaire. Vous n’imaginez pas notre soulagement quand il nous présente nos deux nouvelles batteries d’un orange flamboyant … Du coup, nous les ramenons illico-presto en taxi et les installons dans la foulée. Pressés que nous sommes de découvrir notre nouvelle autonomie qui a encore augmentée dans cette affaire … D’après mon beau frère Andy qui nous a été d’une aide précieuse dans ces recherches, nous pouvons électrocuter la moitié de l’océan avec ces monstres technologiques susceptibles de délivrer 1800 Ampères pendant 5 secondes 🙂 Mais bon, nous allons autant que faire ce peux éviter ce genre de bêtises.

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Le reste de notre séjour à Carthagène des Indes est une agréable poignée de journées passées à profiter confortablement d’une ville que nous avons déjà découverte et dont nous connaissons les quartiers que nous préférons et les restaurants que nous apprécions.

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Ainsi, nous retournons à plusieurs reprises à Getsemani dont l’animation nocturne, les restaurants et les stands de street-food nous attirent toujours autant.

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Nous profitons aussi des journées pour retourner au cœur du vieux Carthagène où nous nous laissons flâner d’une place à l’autre.

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Nous poussons même la caricature du touriste à visiter deux musées :
Celui de l’Inquisition dont le principal intérêt est le bâtiment lui même et ses cours ombragées.

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Et le musée naval, qui se paie le luxe d’être plus exhaustif que le musée d’histoire en ce qui concerne l’historique de la ville … mais dont le clou de la visite est la reconstitution de l’intérieur d’un sous-marin et de la passerelle d’une frégate militaire moderne où je retrouve une Manuela hilare, dans un moment confinant à l’enfance, touchant à tous les boutons et manettes à sa portée (vraiment tous).

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Ces quelques jours ont rechargé nos propres batteries aussi sûrement que celles de Takoumi et pleins d’entrain nous préparons notre départ qui s’annonce un poil agité, eu égard aux conditions de navigation pour s’éloigner de la côte Colombienne qui présagent souvent d’être, sinon chahutés, au moins ballotés.

Colombia roadtrip !

En route pour la campagne! Nous avons envie de montagne et d’expérimenter la Colombie. Nous partons à 4 heures de Cartagena à Santa Marta une petite ville dont tout le monde nous a chanté les louanges.

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À mi-chemin nous nous arrêtons déjeuner à Baranquilla qui est une ville industrielle. Conduire en Colombie est plutôt rocambolesque – pire qu’à Paris où nous avons eu nos permis de conduire tous les deux ! Ainsi lorsqu’en tant que copilote je mène Olivier tout droit à travers le gigantesque marché grouillant de Baranquilla croyez bien que nous avons des sueurs froides ! Mais quelle animation ! Sur le bord de la route en travaux, entre les files de voitures qui klaxonnent des personnes cherchent à nous vendre de l’eau, des chicles (chewing-gums) ou des beignets…

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Nous ne sommes pas malheureux de se sortir en un seul morceau de ce cafarneum pour continuer notre route vers Santa Marta…

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Santa Marta est une petit ville côtière. Nous apprécions la piscine de l’hôtel climatisé où nous nous reposons – en effet, Cartagena est une ville géniale mais nous avions rarement eu aussi chaud et retrouver un peu de fraîcheur nous requinque ! Chaque soir nous découvrons des petites rues animées et dînons en terrasse en écoutant les divers groupes de musique qui s’y attardent.

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Mais si nous sommes venus à Santa Marta c’est pour rejoindre le parc de Tayrona et nous promener dans les terres. Aussi le second jour nous filons, non sans mal, de Santa Marta à l’entrée du parc !

Nous nous rendons très vite compte que le parc est très grand et que nous ne pourrons qu’en faire une toute petite partie. Et dans l’espoir d’aller plus vite et d’en faire plus…nous montons à cheval pour la première partie du chemin….une heure et demi de montées et de descentes dans les cailloux ….je ne suis pas prête de remonter sur un cheval!!!!

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En descendant du mien, c’est à peine si je parviens à marcher ! Fort heureusement ça en valait la peine. L’endroit, Cabo San Juan, est très beau et me permet de me baigner et d’oublier très vite cet épisode. Nous avons prévu le casse-croûte et déjeunons sur la plage avant de repartir dans la forêt.

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Nous essayons de rejoindre le village des indiens, Pueblito,  mais l’heure tourne et c’est encore très loin. Le retour qui plus est, va nous prendre 3 heures, rien que de là où nous sommes ! Enfin, à la troisième personne que nous croisons, qui nous dit que « c’est encore très loin! », nous abandonnons et rebroussons chemin.

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En route, des jeunes nous proposent de nous conduire au village à cheval. Nous avons tout juste le temps d’y monter et de revenir ….Olivier et moi hésitons longuement si bien que les jeunes baissent le prix de 10, de 20, de 50% – eh oui, parfois la meilleure manière de négocier c’est juste d’hésiter 🙂 Mais je finis par refuser parce que la journée est trop avancée et nous ne pourrions rester que très peu de temps avec les indiens…mais aussi, remonter sur un cheval aujourd’hui me paraît impossible, d’un coup je n’ai plus très envie d’aller visiter ce village….

Nous ne regretterons pas. La randonnée de retour est merveilleuse alternant jungle et bord de mer. Tout du long à l’aller comme au retour Olivier et moi nous plaignons d’une chose c’est que nous ne voyons aucun animal (à part les chevaux bien sur !). Nous somme donc ravis lorsque nous croisons une famille de singes à la cime des arbres qui nous balancent tout ce qui leur tombe sous la main! Nous resterons un bon moment à les regarder en évitant les branches avant de finir notre chemin et retrouver la voiture.

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Le lendemain il nous faut repartir …retrouver Takoumi 🙂 Mais non sans faire un dernier détour à Minca, un beau village de petite montagne traversé par une grande rivière au bord de laquelle nous nous rafraîchissons. En déjeunant nous observons un iguane et écoutons les dizaines d’oiseaux qui chantent mais ne se laissent pas regarder…

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Ce fut une belle journée et une sympathique pause, des vacances en somme et nous rentrons à Cartagena avec de jolis souvenirs .

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Carthagène des Indes

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Une fois ne devrait pourtant pas être coutume, nous arrivons trop tôt, de nuit en Colombie et choisissons de faire quelques ronds dans l’eau avant de pénétrer la large baie de Cartagena. Cette magnifique cité nous accueille au petit jour, par l’entrée nord appelée «Escollera», une digue sous-marine impressionnante, houleuse et étriquée, la passe ne faisant que 30m de large par 2-3m de fond . Elle fut construite par les Espagnols pendant la « Colonía » au XVIII ème siècle pour pousser les navires à passer par l’entrée sud de Bicachica. Ensuite, Il nous faut une bonne heure pour rejoindre un chenal à bâbord et accéder enfin au mouillage principal des plaisanciers. C’est aussi celui des paquebots et des cargos venus charger et décharge – les uns leurs hordes de touristes, les autres leurs containers colorés…Nous nous trouvons entre eux et le Club Nautico de Cartagena, assez proches du centre historique qu’il nous tarde d’arpenter !

Mais avant de l’envisager nous avons conscience de nos problèmes d’énergie et cherchons à rejoindre une place à quai pour brancher Takoumi. De plus, nous souhaitons laisser le bateau en sécurité afin de le quitter et nous balader en Colombie, notre dernière escale en terre inconnue avant de clore ce beau chapitre de notre vie. Nous comptons donc bien en profiter dans le petit laps de temps qui nous reste!

Mais malheureusement malgré nos appels à la VHF, le Club Nautico ne répond pas. Plus tard nous apprendrons qu’il est en travaux et n’offre que peu de places au ponton plutôt mal protégé. Il y a bien une autre Marina réputée hors de prix tout au fond de la baie. C’est le « Club de Pesca » aux abords du centre historique, mais on nous la vivement déconseillée aussi nous finissons par jeter l’ancre en face du Club Nautico – il se trouve, derrière Le catamaran d’Alex et Sergio déjà rencontrés au Panamá !

Pour l’heure, le mouillage qui se réveille, est surpeuplé, bruyant, parcouru par presque tout ce qui flotte à fond les gamelles! Il est également splendide, au milieu de tous ces gratte-ciel et au large de la vieille ville et de ses quelques forts et palais. Nous y serons bien jusqu’à ce que nous trouvions une place au port je pense…

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Les premiers jours sont comblés de découverte du quartier résidentiel de la Marina et du centre historique. La cité est magnifique et archi-touristique. Notre quartier est familial et animé. Nous trouvons les colombiens très accueillants et le niveau de vie nous paraît meilleur ici qu’ailleurs. Mais je découvrirai qu’il y a encore beaucoup d’écarts de valeur entre les services qui se développent et ceux de la vie courante des Colombiens.

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Il y a deux vitesses dans ce pays et nous passons la semaine à côtoyer les deux juste aux abords de la Marina. Un bon exemple est le prix de la nourriture qui dans un restaurant local parfois chez l’habitant coûte moins de cinq euros pour un repas complet et copieux.

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Par ailleurs nous trouvons des adresses presque aux prix européens et pas particulièrement touristiques. Nous fréquentons régulièrement la Marina où des hommes traînent à l’affût de n’importe quel travail ou service à rendre aux plus riches plaisanciers qui y circulent – porter vos courses, polisher votre coque, tout pour quelques billets « a la orden », à votre service!
Mais malheureusement aucun électricien ne nous aborde et nous en avons cruellement besoin ! Depuis plusieurs jours déjà nous sommes contraints d’éteindre jusqu’au réfrigérateur afin de préserver nos batteries -si « sauvables » elles étaient….Aussi nous croisons Alex qui nous dit connaître une société de confiance, qui nous a également été conseillée par la Marina. En effet le chargé de clientèle Gonzalo, venu d’Espagne sur un voilier lui aussi, nous paraît honnête et efficace. Il nous met en relation avec son expert électricien Yerkis qui est également engagé dans l’armée.
Ce que nous ne pouvions pas prévoir c’est que les élections ont lieu au moment de l’engager, et qu’il nous fera faux-bond deux fois. En effet il est quotidiennement réquisitionné par l’armée pour intervenir en cas de problème au cours du vote dans les quartiers de Carthagène !
Heureusement nous mettons à profit ces jours d’attente pour découvrir un autre quartier de Carthagène, Getsemaní, que nous aimons beaucoup notamment le soir pour ses spectacles de rues et son street food démoniaque ! Nous y retournerons régulièrement pendant notre escale à Carthagène.

Nous allons nous promener à Bocagrande, le quartier entre la baie et l’océan qui abrite les plages et les hôtels luxueux. Nous montons au dernier étage du Hyatt Regency boire un jus de fruit dont la Colombie regorge et apprécions la vue spectaculaire.

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Et malgré nos batteries toujours à plat ou presque, nous gardons le moral le soir de notre anniversaire de mariage en dînant en face de la basilique. Nous terminons la soirée en buvant un cocktail au roof top bar avec vue sur la place de l’horloge, l’entrée du centre historique!

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Yerkis finira par venir à bord le lendemain de nos festivités. Il nous propose alors de tout changer et ses services pour une durée rédhibitoire de 20 jours !? Sachant qu’il ne travaille que lorsqu’il a terminé sa journée pour l’armée et qu’il nous a déjà fait faux-bond…Quand bien même, nous doutons de son diagnostic alarmant et refusons son offre. Nous préférons vérifier le diagnostic par nous-mêmes. Olivier s’improvise électricien et nous mettons Pierrick à contribution à distance du Panamá…à raison car les tests sont concluants : les fils sont en bon état et il faut seulement changer les batteries. En effet elles n’ont probablement pas supporté les températures et l’humidité du Panamá durant 6 mois à terre !
Nous avançons mais entre-temps, nous avons rencontré Pedro un peintre du port….qui nous a présenté Kiko, le maître de port du Club Nautico! Et après plusieurs amabilités il nous propose une place que nous nous empressons d’occuper. Cela change la donne car Takoumi est branché donc rien ne presse pour changer les batteries. Qu’à cela ne tienne, nous louons une voiture, réservons un hôtel et partons au Nord de Carthagène en laissant tout cela en stand-by !

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La revanche du Panamá

A l’issue de notre très agréable séjour aux San Blas, nous prenons la route de Carthagène des Indes, ville côtière de la Colombie.
En guise d’adieux au Panamá, nous prévoyons la première véritable route hauturière de la saison et nous nous réajustons au rythme des quarts qui se succèdent durant les 40 heures de route prévues. Face au vent et aux vagues hautes de deux bon mètres, nous allons bon train et la première nuit sur la mer des Caraïbes s’annonce bien.

Mais en mer, la confiance et un esprit serein ne protègent pas des coups du sort, et notre ultime avanie Panaméenne nous rattrape aussi sûrement et furtivement que le fauve guettant sa proie.
Au sein de cette quiétude, le glouton pilote, aidé du réfrigérateur, de tous nos instruments et lumières, siphonnent discrètement nos batteries qui sont depuis Shelter Bay notre unique source d’inquiétude bien qu’elles aient été testées bonnes pour le service par deux fois.
Les très efficaces panneaux solaires nous ayant caché toute la journée cette faiblesse latente, l’hémorragie d’énergie n’est détectée que tard dans la nuit à l’aune de l’inévitable chute de tension.

Qu’à cela ne tienne, nous pouvons bien utiliser le moteur un peu plus que de coutume pour recharger nos batteries défaillantes et poursuivre notre chemin. En plus, nous avions anticipé la manœuvre en n’emportant que peu d’avitaillement frais, nous permettant d’éteindre le réfrigérateur. Toutefois, aucun plan ne survit à la réalité du terrain et un ultime coup du sort nous place dans une situation fort inconfortable : le moteur, lui aussi, se ligue contre notre brillante échappée et décide de ne plus pomper l’eau de mer nécessaire à son refroidissement.
En même temps, difficile de jeter l’opprobe sur le sort qui s’acharne, un premier épisode « chaleureux » avait eu lieu quelques jours avant, que nous avions naïvement attribué à un simple bouchage/débouchage du passe-coque d’eau de mer par l’un des nombreux détritus dérivants aux San Blas. Une fois de plus, les événements nous rappellent qu’en bateau, il ne faut jamais ignorer les appels du pied du bateau qui a quelque chose qui le démange quelque part …

Bon, ceci dit, la situation n’est pas si critique, et dix minutes de moteur rechargent deux heures de réserve d’énergie sans que la température n’atteigne un niveau anormal de fonctionnement … Nous passerons donc la nuit et une bonne partie de la matinée au rythme de quelques recharges salvatrices.

C’est ainsi qu’en fin de matinée, frais et dispo mais au beau milieu de la mer des Caraïbes (autant dire nulle part), nous entamons une séance de bricolage dont seule la navigation hauturière nous en apprend le secret.
Bateau dérivant à la cape (position stable du bateau grâce aux voiles à contre permettant de dériver gentiment), au calme physiquement et moralement, nous changeons sans coup férir le rouet de pompe à eau avant le déjeuner. Profitant de notre confort relatif pour nous restaurer sans subir la gîte et la route.

Nous reprenons donc notre bonhomme de chemin vers Carthagène avec un moteur doublement rafraîchi et désormais enclin à compenser largement notre consommation électrique de travail comme de confort.

Quant à nos batteries, n’entretenons pas le suspens, elles seront remplacées en Colombie par deux nouveaux éléments nous garantissant encore plus d’autonomie: Deux impressionnants et pesants blocs oranges de 255Ah chacun prendront la place des batteries défaillantes, portant notre réserve totale, plus que respectable, à 510Ah. Par contre, nous raconterons plus tard comment nous les avons dénichées, ceci relevant d’une histoire … Colombienne.

Sur la plage Coco

La réussite de notre ultime halte aux San Blas est due à l’improbable enchaînement des événements, de nos choix et de beaucoup de chance.

Nous choisissons donc de nous arrêter à l’abri d’un récif du nom de Coco Banderas et les instructions nautiques désignent un lagon cerné par des îles semi-habitées comme « plus joli mouillage des San Blas ».

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Hélas, parvenus à l’endroit indiqué, les lieux se révèlent difficiles d’accès avec d’étroits chenaux sillonnant entre les bancs de coraux. Les îles semblent un peu plus habitées que nous l’espérions et quelques catamarans occupent déjà la place. En général, nous aurions fait fi de ces menus désagréments pour nous installer crânement au point qui nous semble le plus confortable. Mais aujourd’hui, la configuration générale du mouillage ne nous plait guère et nous préférons reporter notre dévolu sur un mouillage plus à l’ouest du récif … qui se révèle finalement bien plus à notre goût et qui mérite amplement le titre de «plus joli mouillage des San Blas … que nous connaissons».

Ceci dit, nous avons bien malgré nous pris plus de risques que ne l’aurait exigé le choix précédent pour atteindre le mouillage. Ce dernier se situe entre l’île « Orduptarboat » et deux énormes bancs de coraux affleurants qu’il convient de contourner par l’est. Mais à cet endroit, le manque de fiabilité de nos cartes électroniques (bien 500 mètres de décalage quand même) nous oblige à avancer dans ce havre à l’aide de nos seules observations. Du coup, persuadés de contourner les fameux écueils, nous passons un haut fond à deux mètre cinquante parsemé de grosses roches menaçantes.
Nous en sommes quitte pour un grand moment de solitude quand nous avançons sans savoir si la profondeur sera toujours suffisante, échaudés par le fait que le matin même nous avions touché sur un bien plus confortable banc de sable à la sortie des Holandes Cayes !
Finalement, après avoir pénétré le lagon sans encombre et jeté l’ancre nous nous retournons pour étudier sereinement la situation et constatons honteusement que nous sommes en fait passé … entre les deux bancs !

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Mais la magie du lieu valait bien cette sueur froide. Pas un seul autre voilier à l’horizon, quelques îles pas ou très faiblement habitées, immense reef pour protéger tout ceci et bien entendu, nos deux fameux bancs de coraux que nous allons visiter derechef avec masques et tubas.

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Ce sont les plus beaux fonds que nous verrons aux San Blas. Ici, quelques variétés de coraux atteignent des tailles très respectables, abritent des poissons multicolores et égayent les roches de leur couleur orangée.
Par contre, toujours pas d’observation de Langoustes sauvages. Cette quête inassouvie reste l’une des meilleures occasions de rire avec les deux pêcheurs de l’île qui nous assurent pourtant avoir pêché celles qu’ils nous apportent à peine à un mètre de profondeur.

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Ce sera d’ailleurs une belle expérience de rencontre avec les kunas des îles éparses. Comme nous rendons visite aux femmes de la famille restées sur l’île, nous consommerons une bière fraîche en leur compagnie et aurons le plaisir d’échanger une véritable conversation.
C’est ainsi que nous apprenons que les îles semi-habitées sont en fait des réserves de cocos (la base de leur économie) que des familles sont chargées d’entretenir par la communauté en général pour une période de quelques mois.

Notre programme pour compléter notre séjour près d’Orduptarboat se compose à partir de là du très classique triptyque « repos, promenades aquatiques et exploration des autres îles proches » : Nous ne nous en lassons pas, mais la recherche des langoustes ne porte toujours pas ses fruits.

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Le jour de notre départ, nous avons la visite surprise des pêcheurs de l’ile qui nous demandent de recharger leurs téléphones portables, smartphones et enceintes bluetooth à notre bord. Nous sommes heureux de leur rendre ce service qui semble si improbable en ces lieux abandonnés des technologies et de l’information, cela malgré les nouveaux signes de faiblesse de nos batteries…

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C’est donc repus d’aventure, de découvertes et de rencontres que nous quittons les San Blas pour Carthagène, en Colombie.

Flâneries aux San Blas

Les quelques jours suivants sont une succession de mouillages idylliques entourés de récifs et de plages paradisiaques.
Nous profitons de nos observations quotidiennes pour établir une typologie primaire des îles des San Blas : Une île vierge est une plage avec autant de cocotiers qu’il est possible d’y trouver ; une île semi-habitée ne comprend que trois ou quatre huttes et une centaine de cocotiers entretenus ; et enfin, une île habitée n’héberge qu’une poignée de cocotiers survivants clairsemés au milieu d’autant de huttes qu’il est possible d’y entasser.
De loin, l’ensemble représente un décor mérité de carte postale qui fait le bonheur des documentaires culturels et des catalogues de tour-opérateurs.

De près, les pieds au sec, il existe quand même un réel problème de détritus assez déconcertant. Pas comme sur les côtes du continent, là bas, ce sont leurs propres déchets qui s’érigent en monticules. Ici, nous soupçonnons plutôt les courants et vents de la mer caraïbe de charrier jusque sur ces plages paradisiaques les rejets des îles antillaises, du Venezuela et de la voisine Colombie … même s’il est évident aussi que le progrès rattrape bien assez vite les infortunés kunas.

Aux Lemon Keys, nous mouillons en compagnie d’autres voiliers dans un lagon entouré d’îles dont l’une héberge un « hôtel – camping – pension » de « luxe ». Nous entendons par « luxe » quelques bungalows sur pilotis et un restaurant-cantine où nous ferons l’erreur de nous inviter pour un soir. Découvrant que l’essore-touriste commence à avoir lieu ici aussi.

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Heureusement, le lagon est calme et la visite des îles environnantes est un plaisant moment d’exploration.

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À l’opposé, Gunboat Isla est un autre lagon où le reef émerge très très peu. Et où nous passons une nuit isolée, à l’exception de la visite de pêcheurs kunas à qui nous achetons une langouste qu’ils sont allés pêcher pour nous, sous nos yeux incrédules. L’absence de navigateurs ici protège les fonds et nous entreprenons notre première vraie exploration aquatique de la saison avec ce reef vivant et habité bien que nous ne parvenions pas à dénicher les langoustes qui, nous en avons la certitude, sillonnent ces parages à seulement quelques mètres de profondeur.

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La navigation depuis Gunboat Isla nous réserve la joie rare de voir un bébé dauphin accompagné de sa maman nageant quelques instants de conserve avec Takoumi. Un moment magique tellement le petit mammifère est mignon.

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Retour parmi les navigateurs pour l’étape suivante. Hollandes Keys et le mouillage de la Swimming-pool, à l’abri de l’île Barbecue, est l’un des mouillages les plus connus de la région. En fait, l’île s’appelle Morodup, mais l’industrie touristique manque de respect pour les lieux qu’elle colonise. Heureusement, l’affluence est plutôt calme ces jours-ci et notre témérité à nous avancer loin dans le mouillage nous accorde une place de choix à l’abri du troupeau. Nous y restons deux nuits, pour vraiment profiter des différentes îles à découvrir dans cet archipel foisonnant.

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Morodup est très bien entretenue, mais l’accueil laisse à désirer. Nous tournons les talons dès l’absence de réponse à nos salutations et quelques mètres avant le panneau « visite de l’île, 3$ ». Autant s’appeler « île Barbecue » finalement …

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Heureusement, sur Tiadup, à l’extrémité sud du mouillage, les habitants nous accueillent les bras ouverts et sont fiers de nous présenter leur pêche (encore des langoustes) et leur artisanat (encore des molas) … et pour finir, nous invitent à découvrir leur île et les quelques secrets qu’elle recèle avec le sourire.

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Nous reprenons notre chemin dès le lendemain pour une dernière et merveilleuse étape aux San Blas.

Visite chez les Kunas

Islas Carti est un regroupement de quatre îles habitées qui nous a été conseillées par le représentant de l’autorité maritime de Marina Linton lui-même Kuna quand nous sommes allés faire établir notre Zarpe de départ du Panama. Nous y arrivons le jour de la célébration de la révolution kuna, à l’issue de laquelle ils ont obtenu une grande autonomie et repoussé l’ingérence du gouvernement Panaméen.

Nous avions bien vu des photos, mais découvrir pour de vrai ces villages est assez impressionnant : nous sommes face à des îles habitées où résistent 3 ou 4 cocotiers au milieu d’un village de cases en bambou serrées comme des sardines et qui finalement recouvrent toute la place disponible … et même un peu plus

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Désireux de profiter au mieux de la fête, nous attendons la fin d’après-midi pour nous rendre non pas sur l’île en face la plus touristique, mais sur Tupilé qui se cache derrière à la recherche d’une expérience plus véritable qu’une brochette d’échoppes de produits artisanaux.
Accueillis par des jeunes kunas et un militaire tous très sympathiques, nous apprenons que nous avons manqué la célébration qui ne se tient que l’après-midi jusqu’à 16h … et que de toute façon, ils ne célèbrent pas la révolution sur Tupilé : Il faut se rendre sur la première île pour ça … Nous sommes assez déçus de l’infortune dont nous sommes seuls responsables. Toutefois, notre guide nous apprend qu’il y aura bien des danses et des chants ce soir, mais pour une autre raison et derechef, il nous conduit à travers le village jusqu’à la « cantina del pueblo », une immense hutte commune où se tient pour l’instant la fête de la chicha, un alcool à base de maïs. En chemin un vieux du village nous interpelle pour nous rappeler les règles … Hommes et femmes séparés, chacun disposant de son entrée et interdiction de prendre des photos. Ce qui explique que quelques images illustrant ces articles ne sont pas pour une fois toutes de nous.

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En chemin, Manue a le temps de surprendre une scène où un kuna probablement ivre mort est porté par ses comparses jusqu’à sa case ; nous avons de la chance, c’est l’un des trois jours de la semaine où le chef du village, le « Sahila», autorise la consommation d’alcool.

Arrivés à la cantina, grand espace sombre faiblement éclairé par un feu empli de groupes éparses, nous sommes donc séparés et dirigés chacun vers les zones appropriées.
C’est ainsi que Manue est assise à l’autre bout de la hutte entourée de femmes kunas qui rient, boivent et fument et dont l’une, Doris, a été nommée par ses pairs pour s’occuper de Manuela.

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De mon côté de la hutte, je n’en mène pas large privé de l’officier des communications, traducteur et presque diplomate du Takoumi. Contre toute attente, je m’en sors pas trop mal et j’échappe à un gentil garçon bourré comme un coing en discutant, en espagnol s’il vous plaît, avec mon voisin dont la discussion et les explications me mettent déjà beaucoup plus à l’aise … même si une phrase sur deux passe à la trappe.

J’apprends donc entre autres choses que le groupe de femmes à ma droite se préparent pour la cérémonie, c’est bon signe, qui débutera à la tombée de la nuit … là, c’est tout de suite plus compliqué dans la mesure où le crépuscule est encore loin et que je ne m’imagine pas attendre deux heures planté sur ma chaise que le spectacle commence. Je fait comprendre par de grands signes à Manuela que nous nous retrouvons dehors pour discuter et décidons d’utiliser ces deux heures pour visiter le village et dénicher une bière pour étancher notre soif.

During the Inna-Suit celebration three woman serve an alcoholic brew to the guests. The person in the middle is the initiated girl, her body is painted in black and a red scarf is covering her head. During the celebration she is not allowed to take of her scarf and show her face. There are only about 1200 Tule people left in Colombia. They are one of the 34 Tribes in danger of extinction. Due their location in the Darien Gap near the boarder of Panama the Tule people have suffered threads from both the leftist Guerilla and the right wing paramilitary. A lot of families have left the community and moved to Panama, where most of the Tule (in Panama Kuna) people live nowadays.

Au cours de notre ballade, nous croisons une foule de gens sympathiques presque tous disposés à engager la conversation avec nous et des enfants partout qui tiennent à nous montrer qu’il savent faire le poirier .. J’hésite à me joindre à eux et me ravise, ça fait 35 ans que j’ai plus fait ce genre de choses.

Quelques instants plus tard, boisson en main sur le « muelle » du village, nous assistons à l’arrivée du pêcheur local pour vendre ses bonites 1 dollar pièce. Petit à petit en cheminant vers la cantina, nous croisons tout le village équipé de sacs qui vont acheter du poisson en courant. Quand je dis tout le monde, je ne doit pas être bien loin de là vérité, il n’y a que 45 familles sur cette île (ou 45 adultes, ou 45 habitants … Nous n’avons pas encore tranché … mais pour le chiffre 45, nous sommes sûr :-).

Dans le même temps, je vois une gamine balayer les rues en terre … cela m’interpelle dans la mesure où c’est bien la première fois que je vois quelqu’un au Panama nettoyer plutôt que de jeter des détritus … peut-être le pays y gagnerait-il à être géré par les kunas.

Avant de retourner dans la cantina, nous apprenons que la fête de ce soir est la célébration de la puberté d’une jeune fille, événement qui ici est l’occasion d’une grande fête commune. Curieusement, apprendre ça renforce chez moi un sentiment de gêne déjà présent à l’idée de ce que je ressens être du voyeurisme au sein de l’intimité de leur communauté.

De retour à la cantina, il n’y a plus grand monde, si ce n’est les chefs de l’ile les » Sahiles » qui entament une lente danse/chant/musique tribale que nous écoutons avant de repartir. Nous n’attendons pas la nuit, pour une première incursion dans ce monde étrange et si éloigné de notre quotidien, nous préférons nous éclipser avant que l’obscurité ne recouvre ce village de son voile protecteur. Attitude respectueuse, saluée par une troupe de dauphins qui viennent nous rendre visite au crépuscule.

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La rencontre des San Blas

Partir vers de nouvelles contrées inexplorées nous met d’excellente humeur, à l’aube, impatients de reprendre enfin la mer, le voyage, l’expédition et la découverte … Takoumi vogue à fière allure, 5 nœuds en moyenne à revers des alizés grâce à sa carène fraîchement repeinte. Nous arrivons à Chichime, l’une des premières îles à l’ouest des îles San Blas localement appelées «Guna Yala». Cet archipel de plus de 360 iles au Panamá est un territoire autonome, habité et régi par une communauté d’indigènes nommés les « Gunas » prononcé Kunas. Ce sont eux qui font la réputation de ce bout de mer protégé par de grandes barrières de corail et des bancs de sable à perte de vue jusqu’à la frontière Colombienne.

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À notre arrivée nous entrons dans une carte postale et profitons enfin de pouvoir nous jeter à l’eau dès l’ancre posée au cœur d’un mouillage presque paradisiaque: sable fin, lagon, cocotiers – mais pas d’habitants Kunas et de très nombreux voiliers encombrant une anse finalement très étroite… Ainsi Olivier et moi ne nous ruons pas à terre cette fois, heureux de retrouver le calme des eaux turquoises et notre intimité à bord du bateau.

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Sans même gonfler notre récente et irréprochable annexe, nous repartirons dès le lendemain rejoindre les îles Carti au sud, villages habités cette fois, où se tient la fête annuelle de la commémoration de la révolution des Kunas de 1925. Ce peuple profondément pacifique s’était alors battu contre les autorités Panaméennes afin de faire respecter leur culture tribale et matriarcale, ce qui leur valût leur autonomie – non sans mal et avec un petit coup de pouce des Américains paraît-il…
La route vers les îles Carti se fait au portant en quelques heures que nous trouvons très confortables…après tant de navigation au près plutôt serré! D’ailleurs, nous passerons la semaine qui vient à zigzaguer d’îles en îles , alternant le près et le portant tout en progressant confortablement vers l’est et la Colombie, notre prochaine destination.

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Pour l’heure, en arrivant devant las islas Carti, nous n’avons pas le temps de jeter l’ancre que nous sommes abordés par une habitante vendant ces fameux « Molas » – que nous ne connaissons pas.

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Les Molas sont des sculptures uniques sur tissu, très colorées, en deux rectangles portés en tunique par les femmes Kunas que je trouve magnifiques.

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En attendant…abordés…nous le sommes littéralement quand ce petit bout de femme arrive, à la rame dans son « ulu », canoë minuscule ou « dugout canoe » en anglais, qu’elle enjambe notre plage arrière, passe sous la bôme d’artimon et s’affale dans notre carré !

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Malheureusement, ce premier contact nous laissera indécis suite à l’insistance plaintive et agressive de notre « hôte » . Nous jouons le jeu en lui achetant notre premier mola -que nous trouvons cher-et payons le bracelet qu’elle s’est empressée d’entourer autour de ma cheville. Celui-ci servira d’anecdote lors de nos prochaines rencontres et me vaudra quelques moqueries tant l’œuvre était ridiculement insignifiante pour les élégantes Kunas dont les bras et les mollets en sont entièrement décorés!

Islas Carti :

Redécouvrir un endroit

Je ne sais plus comment j’avais décrit la Marina Linton à notre dernier passage, mais, pour en dresser un portrait rapide, disons, 3 pontons de bonne facture devant un terre-plein avec un travel-lift flambant neuf et une station service minimaliste. D’horribles sanitaires prennent place dans un container qui fait écho à un mini-entrepôt d’accastillage. Un autre container tient lieu de bureau « provisoire qui dure » et un bâtiment en construction perpétuelle servira d’accueil … un jour.
En ce moment, le bâtiment inachevé est investi par les plaisanciers qui ont installés des bancs en plastique dans ses étages pour profiter le plus confortablement possible de l’inefficace connexion internet.
En dehors de ça et du petit monde grouillant qui lui donne vie, il n’y a rien d’autre … même le sympathique bar flottant a passé la main à la désolation après avoir épuisé 3 entrepreneurs ces 6 derniers mois.
Autant dire que si nous avions êtes dépressifs, il en aurait été fini de notre réserve de kleenex. Heureusement, nous ne nous chauffons pas de ce bois là et occupons agréablement nos 15 jours de purgatoire par de multiples promenades et découvertes.

Au premier titre de notre plan anti-sinistrose : faire la fête. Notre bonne fortune ayant programmé une soirée à Panamarina le lendemain de notre appontement, nous nous y rendons en compagnie de Pierrick que nous entraînons au fallacieux prétexte qu’il a une bonne annexe et nous une bonne lampe. Nous comprenons juste assez tard qu’il s’agit d’une soirée costumée pour éviter un accoutrement bariolé qui affuble les autres participants. Enfin … presque, Pierrick se déguisant in-extremis en improbable « Vahiné blonde » avec les moyens du bord mis à disposition par Nico. Toujours est-il que le groupe de musique est excellent pour l’un de ses premiers engagements et nous profitons de l’ambiance jusque tard dans la nuit.

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Second axe de développement personnel, nous entreprenons de découvrir la culture locale au travers des danses rituelles qui animent cette période de carnaval et c’est Pierrick, accompagné de sa charmante amie colombienne Solangel, qui cette fois nous entraîne jusqu’à « Cacique », le village voisin.
Solangel est peintre sur chaussures, colombienne et installée à Panama City d’où elle diffuse ses œuvres uniques. (mot clé : «solangelsus»).
Ceci dit, commander un taxi pour une heure précise n’a rien d’évident ici, et à l’heure dite, ce dernier devait cuver un lac de bière assoupi quelque part, car nous ne l’avons pas vu venir … Pour résoudre notre souci de transport, nous entreprenons une incursion au centre du village de Puerto Lindo à la nuit tombée et y découvrons un monde ahurissant … Les rues en terre sont remplies des habitants du village dans un maelström de musique, de street food et de bière … Les familles rassemblées devant chez eux et des électrons libres allant de groupe en groupe. Une folie au sein de laquelle nous trouvons enfin un taxi (un cousin du premier, mais moins aviné) disposé à nous emmener à Cacique.

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Cacique est un village important d’une région où l’influence africaine, nous l’apprenons à cette occasion, est particulièrement importante. De fait, l’ambiance, la musique et les danses nous transportent à des milliers de kilomètres d’ici, dans un lieu hors du temps que nous imaginions réservé aux villages du continent originel.

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La « danse du diable » est anecdotique et déstructurée en début de soirée, mais laisse la place à l’expression populaire de la séduction au rythme syncopé des tam-tams ancestraux. Et des plus jeunes aux plus vieux, tout le monde participe aux chants et aux danses sous la tonnelle du village, bien que nous remarquons que si les jeunes hommes et jeunes femmes se prêtent volontiers au jeu rituel, ce sont bien les anciens qui mènent le bal et pour les plus alertes d’entre eux, les tam-tams.


Nous quittons finalement le village en milieu de soirée, alors que la fête traditionnelle va se poursuivre jusqu’au plus profond de la nuit et que les rues en terre ne sont encore recouvertes qu’à moitié par les cannettes vides.

Le troisième acte du plan de sauvegarde de notre équilibre demeure nos folles expéditions. Si dans un premier temps nous visitons les bras de mer de la mangrove environnante, nous allons bien vite un peu plus loin … et surtout plus haut.

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À l’apogée de cette expédition, le phare Gustave Eiffel de la « Isla Grande », île balnéaire locale que nous prenons soin d’aborder un jour de semaine afin d’éviter la foule. Notre matinée, avant de trouver l’unique restaurant ouvert de l’île se compose donc d’un trajet en taxi, d’une traversée en Lancha (barque locale) et d’un trek pédestre jusqu’au plus haut point de l’île où trône le fameux phare dans son habit de rouille et de peinture écaillée.

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À ce moment là, une folle poussée de témérité nous pousse à pénétrer l’enceinte du phare et à entreprendre l’ascension du fier mais branlant édifice. Cette action aventureuse est immédiatement récompensée par une vue magnifique et imprenable sur tout l’horizon dont nous profitons quelques instants avant que les mouvements du phare induits par les fluctuations du vent ne nous encouragent à redescendre illico-presto.

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Pour le reste, le village de Isla Grande présente un peu d’intérêt par le fait qu’il est principalement touristique, et est donc un peu plus « urbanisé » que les villages du continent. Avec de nombreuses maisons prêtes à accueillir touristes et promeneurs. Et surtout, semble-t-il, enfin, un balbutiement de collecte de déchets.

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Après un déjeuner sur l’ile, nous repartons pour le continent, non sans avoir immortalisé par une photo le ponton que nous trouvons fort emblématique du Panama.

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Hormis toutes ces activités externes, les abords de la Marina ne manquent pas de nous pourvoir en occupations. Comme la partie de pêche où Manuela part seule en annexe et revient en ayant perdue sa ligne et ses crevettes-leurres magiques dans une manœuvre hasardeuse. Si effectivement les crevettes sont perdues corps et bien, nous retrouverons le fil de pêche deux jours plus tard dans l’hélice du moteur hors-bord qui tout d’un coup libéré marchera tout de suite mieux.
À l’occasion d’une lutte acharnée de votre serviteur avec nos infâmes batteries lourdes comme 4 ânes morts, Manuela, encore elle, lance l’activité « coconut » avec l’aide des deux diablotins des voisins. Ces derniers ne s’arrêteront pas à participer à l’ouverture des deux noix de coco de Manuela, mais irons en recueillir près d’une dizaine au grand dam de leurs mère, qui fera quand même bonne figure en encadrant deux jours durant ces deux enfants terribles dans ce qui restera connu comme « l’activité Coconut » ! Pas de panique, inutile de fermer vos volets, ces deux troublions ne reviendront pas de sitôt en Europe, leur parents ayant décidé de s’installer à Medellin en Colombie plutôt que de retrouver la Belgique flamande qui les a vus naître.

Une autre belle promenade nous mène également sur la isla Linton, territoire des singes que nous n’avions encore jamais osés aborder.

 

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Le reste de nos activités est somme toute assez classique, bricolages inégalement efficaces, achat de légumes aux nombreux vendeurs ambulants et point d’orgues, la réalisation de notre panneau « Amel for Sale » qui aura la charge de prévenir les promeneurs de pontons floridiens que Takoumi est à vendre.

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Nous avons aussi plaisir à discuter avec notre voisin « Alex » américain et propriétaire « par hasard » d’un magnifique outremer 55 ultralight dont nous le soupçonnons de préférer organiser les réparations plutôt que de réellement naviguer. Accompagné de Sergio, un jeune colombien ex-sous-marinier d’un calme et d’une sérénité désarmantes et véritable navigateur du navire, ils décident d’embarquer pour la Colombie autant de jeunes backpackers qu’il leur est possible. Nous les retrouverons plus tard aux San Blas et en Colombie.

Quand enfin, nous sommes prêts à partir pour les renommées îles San Blas, il ne nous restera finalement que quelques jours d’attente avant que les conditions de mer nous semblent suffisamment confortables pour affronter la remontée du vent et surtout des vagues jusqu’aux Îles San Blas.