Le voyage de Takoumi

Saison 3

Archives par auteur: Manuela

Akwaba en Gwada!

La Marina que nous rejoignons au sud-Ouest de Basse Terre nous réserve de jolies surprises : marina a taille humaine, simple et conviviale, à notre goût. Il y a bien quelques fêtes le week-end au « Bar sans nom », la dispo des « marineros » est plus qu’aléatoire mais en quinze jours nous apprendrons a les connaître et à tous les apprécier. Ils sont très gentils, notamment Henri qui passe nous dire bonsoir tous les soirs avant de rentrer chez lui. Ils ont plein d’histoires à nous raconter que nous écoutons avec plaisir en découvrant la région de Gourbeyre qui commence décidément a nous plaire! Qui plus est nous trouvons tout ou presque sur place – le wifi – dans un local dédié à la capitainerie..c’est mieux que rien et c’est climatisé !!! Il y a quelques commerces bien qu’il manque une grande supérette – elle vient de fermer et cherche un repreneur d’après Henri , un médecin (j’y reviendrai…), une boulangerie, un loueur de voiture, une laverie et même un bon boucher!

Nous louons une voiture par Ary chez Mme Sébastien Babas – expérience inoubliable que nous partageons avec un couple de Chicago bien content que nous parlions français! Nous visitons d’abord les hauteurs de Gourbeyre. En suivant un panneau prometteur « Palmiste » puis la route du Bassin Bleu, nous nous rendons vite compte qu’il n’y rien sur ce chemin de plus en plus boueux et crevassé … nous nous sommes (encore) perdus dans la forêt tropicale près de la trace des étangs et finissons par rebrousser chemin lorsque – eh bien, le chemin est barré tout simplement.

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En revenant vers le bourg de Gourbeyre, nous trouvons le camion au croisement qui s’avère être le centre-ville. L’occasion pour nous de goûter le hamburger « complet » local – c’est à dire, tout ce qu’il vous reste dans le frigo : œuf, jambon, steak haché crudités – ce n’est pas une blague, c’est complet! Nous remontons sur les hauteurs du bourg nous attabler face à une vue superbe en déjeunant à côté de lézards verts et d’une vache (toujours) accompagnée de son oiseau blanc – une petite grue sans doute.

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Visite enfin des chutes du carbet – la « numéro 2 » avec vue lointaine de la première, ce sont les plus hautes des petites Antilles.

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Mais la balade en aval des chutes en longeant la rivière Grosse Corde nous plait d’avantage : baignade rafraîchissante sous une chute d’eau suivie d’un bain dans la source chaude de cette rivière où nous ne croisons que des habitués. Bon, le sentier prévu est si boueux que nous sommes obligés de passer dans le lit de la rivière et nous rentrons trempés mais très heureux! Il est temps de rentrer mais non sans faire un bref arrêt à la jolie plage noire de Grande Anse près de Trois Rivières.

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Apres une petite excursion à Point à Pitre ou nous découvrons le restaurant « le Petit Jardin » et son charmant propriétaire, nous faisons un grand tour au Sud et Sud-Est de Grande Terre : eaux turquoises, plages de sable blanc fin et cocotiers (Coquillages et crustacés…), arrière pays très vallonné et planté autour des Grands Fonds jusqu’à La Pointe des Châteaux et St François.

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De retour à la Marina nous rencontrons Thierry et sa femme. Ils rentrent à peine de leur toute première sortie seuls en mer après l’obtention récent du permis bateau. Heureux et souhaitant partager ce moment il nous invite à boire un ti’ punch sur le ponton! Il a tout dans sa glacière Thierry et nous partageons nos histoires de marin et un moment qui nous semble privilégié.
Nouveau jour, nouvelle expédition, nous montons enfin à La Soufrière – la Vieille Dame de Guadeloupe, un volcan actif et mythique, mystique dans la culture locale. C’est une bonne marche de 3 heures et demi aller-retour mais nous nous réfugions un moment au sommet pour nous abriter de la grêle…C’était vraiment chouette la Soufrière, et nous nous sentons assez en forme pour le Stromboli à présent., à la prochaine occasion…après la montagne, la mer : baptême de plongée dans la réserve Cousteau en face de l’anse Malendure. C’est génial!!! Depuis nous nous renseignons pour passer notre premier niveau…bientôt je l’espère..

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Mais pour l’heure, après 5 jours de tourisme, les embêtements commencent : Olivier a une douleur thoracique et, raisonnablement, nous avons décidé de consulter le médecin généraliste en face de la Marina. Tout le monde dit de lui qu’il est excellent et nous avons toutes les peines du monde à obtenir un RDV. Quand on y parvient – 3 jours plus tard – le docteur – blanc, avouons que nous sommes un peu déçus – surtout, les cheveux gominés, semblant sortir d’une réunion de l’Académie Française…Il nous fait instantanément l’effet d’un dilettante illuminé? Nous sommes obligés d’insister pour qu’il ausculte Olivier – un minimum – après qu’il lui ait dit qu’il souffrait sûrement soit d’une maladie pulmonaire ou d’une maladie cardiaque et que seule une batterie de tests le confirmerait. Et nous avions tout fait pour les éviter cette fois mais…il nous envoie quand même aux urgences, vu que nous ne pouvons pas faire d’examens rapidement dans le privé…Le médecin des urgences – certainement médecin militaire – prendra d’ailleurs très mal le courrier que ce médecin très étrange lui a adressé – « dans un français « huuuum » »….une journée de perdue mais Olivier n’a finalement qu’une névralgie et le traitement soporifique qui va avec. Ouf.
Reposés, le sur-lendemain nous nous apprêtons à quitter la marina pour Antigua. Mais une péripétie n’arrive jamais seule : nous ne trouvons plus les papiers du bateau! Nous retournons le bateau trois fois pour les retrouver. Nous faisons participer le marinero de service et tous les commerces ouverts le dimanche (bien-sûr!) dans la quête…Pour les retrouver à la marina glissés dans les papiers de sortie de bateaux…double-Ouf!

Mais entre temps, nous avons encore (trop?) réfléchi…discuté et étudié nos différentes possibilités pour la suite de ce voyage. En effet, la saison des cyclones arrive et nous devons choisir une route – il n’y en a guère qui nous convienne ou qui sont réalisable dans les temps (avant les glaces au nord également)…Le Pacifique – pourquoi pas mais pas cette année. Donc où que nous nous dirigions, nous y serons un peu coincés de toutes façons a un moment donné. A moins de retraverser et de rentrer en Europe en Juin?
… Ben non, nous n’avons pas envie de ramener Takoumi avant d’autres aventures que nous aurons le temps d’organiser d’ici l’année prochaine. Nous sommes donc restés quelques jours de plus et lui avons trouvé une place à l’année à la Marina de Rivière Sens. La dernière bien protégée.

Au moins maintenant nous avons le temps : de continuer de visiter les îles au Nord de la Guadeloupe sans préparer une traversée – sans objectif réel derrière – et profiter de la saison des pluies pour nous échapper en « Metro » quelque temps. Nous avons signé …et partons doucement vers Antigua en passant par Deshaies avant de traverser le prochain canal.
Même avec une « amarre au taquet », le voyage continue !

Les Saintes

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Notre arrivée sous voiles au centre de l’archipel est magnifique par la passe sud-ouest a côté des ilets de la Coche, les Augustins et la Vierge! La première anse praticable – d’après le bouquin – est l’anse Fideling et nous nous y rendons aussitôt…mais pour vite nous rendre compte qu’il n’y a aucune place vraiment abritée…dommage, c’était Terre-de-Bas que nous espérions découvrir le lendemain…Nous choisissons de mouiller en face a Terre-de-Haut dans l’anse a Cointe entre le Bois joli et le Pain de Sucre et resterons 3 jours tant nous y serons bien!

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Les fonds jolis, un nouveau bureau a l’hôtel du Bois joli à portée d’annexe et le mouillage calme et reposant dont nous raffolons. Nous débordons d’énergie en effet, pour nous baigner, lire et vivre au rythme du soleil. J’en profite pour relire le blog des copains qui confirment quel’Anse Fideling est source de nuits blanches….ouf, nous avons bien fait de l’éviter.

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Mais avec tout ça c’est-à-dire pas grand chose, nous sommes un peu en retard pour les formalités d’entrée en Guadeloupe! Contraints et forcés donc, nous nous déplaçons d’un petit mile pour mouiller en face du Bourg de cette minuscule coquette île. Nous la visitons le lendemain en scooter – enfin ce qu’il reste du deux-roues, il faut quand même se pencher en avant dans les montées pour ne pas s’arrêter – le Fort Napoléon, ses iguanes et les plages désertes ou presque – nous y rencontrons plus de chevreaux et de poules suivies de leurs poussins que d’êtres humains!

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Et pour finir, pour tout vous dire, cette étape nous est agréable mais nous avouons la trouver similaire à d’autres que nous connaissons « chez nous » comme les îles de Lerins ou Porquerolles et Port-Cros et après la « richesse » de la Dominique, nous avons conscience de ne pas être aussi sensibles qu’il se devrait à la splendeur des Saintes.

 

Les copains d’à bord

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A notre (ré-ré) arrivée à l’anse Caritan, nous faisons notre clearance à Sainte Anne -c’est l’occasion de goûter le « Bokit », le sandwich local au snack « Boubou ». Son wifi marche du feu de Dieu et comme E.T. je m’empresse alors de « phone home » pour échanger les dernières nouvelles. Dès le lendemain, nous rejoignons le port du Marin et sommes ravis de réceptionner un génois tout neuf fabriqué par Incidences que nous trouvons vite très performant, malgré une bricole qui nous vaudra un jour de retard: dommage, les penons n’ont été collés que d’un côté de la voile! L’ancien génois rafistolé servira de voile de secours à l’avenir mais il faut la stocker….pas simple…aussi nous nous délestons de quelques voiles inutiles en les laissant en dépôt-vente au « Grenier du Marin » réputé sérieux. Et après quelques taches et bricolages habituels au port, nous entamons une quinzaine de jours d’intense « vie sociale » qui nous rappelle notre vie d’avant, à terre et les copains qui nous manquent!
Nous enchaînons apéritifs et dîners avec Martine et Rene-Antoine rencontrés sur le ponton – alors qu’ils promènent leur chien! En effet, ils habitent en face du port. Ils ont travaillé une vingtaine d’années en Martinique ; Rene était à la DDE et Martine était une des premières visiteuses médicales – mon premier métier – des Antilles Françaises. Elle était installée à son compte afin de pouvoir représenter plusieurs labos et produits à une époque passionnante…les plus belles et fructueuses années du métier! Ils nous donnent enfin quelques conseils pour cuisiner « local » et les bonnes adresses – où nous n’aurons malheureusement pas le temps d’aller avant de quitter la Martinique mais que nous pourrons partager. En attendant, nous fêtons notre première année de mariage au Zanzibar – définitivement une très bonne table au Marin. Cela nous rappelle une autre très bonne soirée avec les copains voyageurs de Kalisea qui commencent à nous manquer un peu.

Sur le ponton du Marin, la bonne surprise est de retrouver l’équipage d’Okeanos rencontré aux Canaries en Novembre, Christel et Patrice qui s’apprêtent à remonter les Antilles comme nous. Nous passons un bon moment à échanger nos expériences de traversée et des petites Antilles jusque-là! Et pour clore notre séjour au port je profite tout de même de la Soirée dansante à l’Annexe où nous sommes maintenant « fichés » d’après le personnel – qui ne comprend pas pourquoi leur patron nous a donné la plus belle table sans réservation un soir de concert où tout est sur-booké…pendant cette soirée, nous parlerons plus longuement avec Agnès qui se trouve être sa femme … et qui nous connaît bien parce qu’elle tient la Presse du marin où Olivier aime se rendre régulièrement…il est temps de partir du Port du Marin…

Direction le mouillage au vent de la balise de danger isolé de la « Caye Ronde » – juste à côté du port … Là, nous nous mettons à couple avec le grand ketch de Sylvie et de Jean-Luc, nos copains de Mindelo déjà retrouvés une paire de fois ici et aux Grenadines. L’accueil et l’échange est toujours aussi chaleureux. Et nous les recevons enfin à dîner – travers de porc au barbecue et gratin dauphinois – mais pas à bord – sur leur bateau beaucoup plus spacieux pour les apéros et les soirées. Après deux jours festifs il est néanmoins temps pour nous de quitter le Cul-De-Sac du Marin – qui porte bien son nom nous semble-t-il et il nous tarde de rejoindre les Anses d’Arlet et Saint Pierre avant de quitter la Martinique.
Nous souhaitions partir vite, mais nous retrouvons « coincés » à Grande Anse par les formalités – fermées pour le WE de Pâques…Vendredi Saint…Samedi Gloria, Dimanche et Lundi de Pâques bien-sûr ! Autrement dit, nous voilà « bloqués en douanes » pour cause de fêtes…

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Cette attente nous permet toutefois d’éviter le très mauvais temps et aussi de découvrir la très belle ballade aquatique du Cap Salomon: tortues, coraux et poissons multicolores…et nous avons tellement traîné que nos amis Christel et Patrice nous ont rattrapés. C’est la bonne surprise du dernier soir à Grande Anse – apéritif dinatoire que – nous ne le savons pas encore – deviendra rituel quelques jours…Ils repartent directement vers l’ile de la Guadeloupe le lendemain alors que nous prévoyons un dernier arrêt en Martinique à Saint Pierre – le dernier mouillage possible sur la côte sous le vent avant la traversée vers l’île de la Dominique que nous comptons visiter avant d’arriver en Guadeloupe, plus au nord.

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Départ tranquille vers 9h donc le lendemain pour la rade de Saint Pierre…nous prenons le second ris et envoyons tout le nouveau génois afin de lui parfaire ses coutures toutes neuves…. La mort dans l’âme, nous ne tardons pas à l’enrouler un peu parce que – mine de rien – ça souffle au lendemain de l’avis de vent frais! Et au passage de la baie de fort de France, nous apercevons un amas blanc très déterminé nous foncer dessus alors que nous passons sous le vent du côté de Case Pilote…ni une ni deux, nous enroulons franchement le génois, je prend la barre, le pilote étant très chahuté par les vagues grandissantes et indisciplinées – et nous attendons le couperet….Nous n’attendons guère longtemps et le fameux « grain blanc » passe sur Takoumi à 35 nœuds de vitesse-aussi vite que ça justement, et notre fuite semble avoir été efficace pour ne rien casser – ni le bateau, ni les marins 🙂
Et après? Ben quelques grains faiblards puis le vent baisse tant que c’est presque pétole!? Nous arrivons à bon mouillage vers midi par mer calme, mais non sans se donner la course avec Okeanos sur les derniers miles! En effet, nos amis, qui souffrent d’une nouvelle avarie de groupe électrogène, nous ont rejoint sur tribord et ont décidé de s’arrêter à Saint Pierre en attendant une météo plus clémente pour le passage du canal de la Dominique. Nous nous retrouvons à l’occasion de la rapide visite de cette ville-jadis resplendissante et capitale de la Martinique – ainsi que le rituel apéritif dinatoire à leur bord. L’occasion pour moi de parler « Visite Médicale » – à nouveau – avec Christel qui par l’ironie du sort, a fait sa carrière chez Roche Nicolas, le laboratoire pour lequel j’étais prestataire donc nous avons vendu les mêmes produits :)). Son amie Stéphanie de passage est également de la partie!

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À Saint Pierre nous visitons les ruines du théâtre et le cachot de Cyparis- seul survivant de l’éruption du Volcan de la Montagne Pelée en 1902- en détention ce jour-là…Ce drame a valu la destruction de cette ville aux allures de champ de bataille encore visible. Il n’y a pas non plus de services pour les bateaux et le mouillage est un véritable sac de nœuds ce qui se traduit par une nuit agitée lorsque Olivier réveille notre voisin – Okeanos justement- à 2h du matin pour le prévenir qu’il touche le bateau de devant…. bateau qui – très stupidement disons-le – avait posé une ancre à la poupe en sus de son ancre à la proue…..Tout se termine bien heureusement – comme dit mon père, les coques sont faites pour taper de temps en temps….En revanche nous apprécions cette étape plutôt tranquille – moins touristique que d’ordinaire, un peu « normale » et lotie de ses rencontres … j’y découvre plusieurs commodités aux abords du mouillage que ce soit le marché d’époque, la poste, le supermarché, un coiffeur ou la laverie…mais trop tard, car il est temps – enfin – de quitter l’ile aux Fleurs que nous avons un peu vécue ces deux derniers mois.

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« Liming » de Grenade aux Cays

Nous partons à la fraîche pour l’île de Carriacou afin de passer la nuit à Tyrell Bay. La remontée des 36 miles se fait au près serré par 10-15 nœuds et un peu de moteur. Parvenus à 15h30, l’annexe en état de marche nous fonçons à terre effectuer les formalités de sortie des Grenadines du Sud…Mais non, ce ne sera pas possible aujourd’hui, nous arrivons un petit quart d’heure après la fermeture du bureau des douanes à 16h! Il faudra revenir à l’ouverture demain matin. Ça commence bien…Tyrell Bay se révèle être un mouillage calme bordé d’une longue plage avec peu de commerces et cafés semblant faits de briques et de paille. Il y a une petit chantier au sud de la plage où une dizaine de marins retapent une vieux bateau de pêche en bois dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Nous prenons une Margarita chez une femme nous rappelant Cheryl rencontrée à Bequia parce qu’elle œuvre elle aussi pour l’éducation des enfants sur sa toute petite île perdue au milieu des Grenadines. Grâce à elle nous aurons internet quelques heures à bord de Takoumi ce soir – bon, pas fameuse la connexion – comme d’hab’ quoi…Nous goûtons avec beaucoup d’optimisme les steaks du boucher de Grenade pour nous rendre à l’évidence – du bon bœuf par ici n’existe pas…la nourriture en général est bien décevante dans les Antilles jusqu’ici et nous pensions au moins pouvoir devenir végétariens – mais même les légumes sont peu goûteux et surtout peu variés. Îl doit y avoir moyen de bien manger mais je reconnais que nous ne savons pas encore cuisiner local et c’est plus difficile que de l’autre côté de l’Atlantique. Nous ne restons jamais assez longtemps quelque part pour trouver les bonnes adresses qui de toutes façons ne se trouvent pas toujours à portée d’annexe ou de pied. Si bien que notre cambuse se vide peu à peu pour la première fois depuis notre départ de France – de tous ces produits plus maîtrisés que nous avons récoltés à chaque escale en Italie, à Malte et en Espagne. Enfin!?

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Le lendemain matin, rebelote nous nous rendons au bureau des douanes censé ouvrir à 9h…a 9h30 quelqu’un arrive doucement et commence les formalités des 2 bateaux devant nous. Pendant l’attente, l’annexe en profite pour se retourner – tout simplement – moteur inclus! C’est quand même la deuxième fois qu’il prend l’eau de mer celui-là, il va falloir démonter..Nous sommes gentiment remorqués par un plaisancier anglais – étant arrivée la première sur la scène du fâcheux incident, je pense pour ma part qu’il se sent coupable parce que l’attache monstrueuse de son annexe tout aussi imposante – voisine de la notre au ponton – semble l’avoir malencontreusement soulevée… On rentre donc démonter le moteur, vider le réservoir, un peu de maintenance sur les fils, vérification de la bougie et HOP, le moteur accepte enfin de redémarrer. Pour l’instant, l’incident est géré. Nous avons perdu du temps mais ne nous résignons pas et rejoignons Union Island pour les formalités d’entrée dans les Grenadines de Saint Vincent (du Nord) en moins de 2 heures. Nous croisons même notre plaisancier anglais qui revient du bureau des douanes et nous indique le chemin. Mais notre escale à Clifton Harbour (qui n’a vraiment rien d’un Port) se révèle très coûteuse – un charlatan prénommé « Bouddha » profite de notre empressement pour nous louer une bouée 30% plus cher que sur le « marché », et comme nous sommes Samedi, les douaniers nous facturent leurs heures sup – le « overtime » depuis midi….il faut évidemment leur poser la question pour comprendre pourquoi le prix a soudainement grimpé de 50%…Qui plus est, ils prennent leur temps les douaniers…c’est peu dire, nous avons passé deux bonnes heures dans cet Aéroport International (qui n’a vraiment rien d’un aéroport, encore moins international)…
Aussi en fin d’après-midi nous retrouvons avec plaisir notre bateau mais décidons de passer la nuit dans cette baie n’ayant plus le temps de rejoindre une autre destination avant le coucher du soleil. La baie est une jolie anse très mal pavée entourée de reefs de toutes parts. Le spot semble génial pour les kite surfs que nous observons derrière la barrière de corail. Fatigués de cette journée au pas de course, nous profitons d’une agréable soirée cinéma à bord – et les Cordons bleus du boucher de Grenade sont heureusement bien meilleurs que ses steaks!

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Nous faisons le trajet pour l’île Mayreau dans la matinée et rejoignons un bateau copain à Salt Whistle Bay – au moteur vu la courte distance et nous faisons des choix parfois- à cette occasion prendre une douche sans gîter ou mettre les voiles…Le boat boy n’insiste pas pour que nous prenions une bouée cette fois et nous posons l’ancre au sud de la plage. Nous retrouvons nos amis quelques heures sur la plage « carte postale » suivi d’un dîner agréable à bord de leur ketch en ferro-ciment de 14m. Bateau étonnant!

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Entre temps, un oiseau sympa s’invite dans le cockpit et nous cohabitons quelque temps. Mais au réveil c’est une autre histoire! Les oiseaux de Hitchcock, une dizaine d’oiseaux se promène de bateau en bateau sans égard pour le genre humain. Il me semble que nous sommes loin de tout ici et qu’ils trouvent leur nourriture plus facilement en importunant les plaisanciers.

Après avoir chassé les squatteurs j’enfile mon masque et mon tuba et retrouve Jean-Luc dans l’eau pour une pêche de langoustes miraculeuse – interdite il me semble mais non moins impressionnante. Heureusement qu’Olivier dort encore…Nous nous régalerons au déjeuner avant de quitter nos amis qui remontent en Martinique. Je me suis également fait un copain à Mayreau : un boat boy qui s’appelle Jérôme Olivier qui nous explique comment ils pêchent les barracudas – par 15m de fond au large avec un fusil harpon! Mais il est temps pour nous de quitter ce joli mouillage pour les Tobago Cays, destination incontournable de notre voyage à seulement quelques miles au Nord.

Mon île, paradis entre terre et ciel

Enfin saufs bien amarrés au Port du Marin, Amandine se met en quête d’une voiture de location pour que nous fassions un peu de tourisme. Après une vingtaine de coup de fils à TOUTES les agences de la Martininique, nous en réservons une à l’aéroport du Lamentin, la seule qu’il reste sur toute l’île!

Top départ à 18h en taxi (cher) pour aller chercher la très prisée Clio réservée. Arrivés à l’agence nous signons le contrat de location d’une Twingo mais arrivés au parking c’est finalement une Micra qui nous est octroyée…C’est pas grave, c’est comme ça en Martinique la location de voitures. Et cela nous a quand même pris 3 bonnes heures!

Le premier jour, passé les corvées habituelles de vie au port, linge, poste, internet au café l’Annexe…nous allons à la plage et au village de la Presqu’île de Sainte Anne. Nous faisons un petit détour par le Cap Chevalier afin de réserver un déjeuner « Chez Gracieuse » réputée pour sa langouste.

Un peu plus loin, la plage est bondée et nous trouvons un semblant de place au milieu des touristes et des cocotiers – voilà aussi pourquoi je préfère le bateau! En discutant avec les artisans de la plage, Amandine et moi apprenons sans surprise que tous les produits estampillés Martinique sont fabriqués à Bali qui monopolise le marché. Un peu décevant quand même. A croire que seul le punch coco et les boudins sont authentiques en Martinique aussi nous nous consolons en prenant l’apéritif en regardant le coucher de soleil à Sainte Anne.

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Motivés par notre toute nouvelle autonomie, le lendemain nous partons en direction de Nord Atlantique, l’extrémité Nord-Est de l’île. La route n’est pourtant pas longue mais encombrée et sinueuse au milieu de la jungle tropicale aussi nous n’atteindrons que le Centre et un tout petit bout du Nord Atlantique durant une journée bien remplie.

Nous commençons par nous arrêter à Vauclin pour voir le village de pêcheurs.

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Les pêcheurs nous apprennent des tas de choses. Par exemple, ils n’ont eu le droit de ramasser des oursins blancs (comestibles) que deux fois 6h depuis le début de l’année. En effet, les autorités contrôlent régulièrement les oursins pour déterminer les périodes de pêche. Et à en croire le récit de nos amis, c’est parce qu’ils peuvent être toxiques et rendre désagréablement malade toute une nuit….Je découvre également le poisson chirurgien de la même famille que le Marlin qui « donne beaucoup de tonus » d’après une habitant:

Les langoustes sont vendues 25 euros le kilo en ce moment mais les pêcheurs nous racontent qu’elles sont principalement réservées aux restaurants alors qu’il y a un mois , ils étaient obligés de les stocker tellement ils en ramassaient. La demande grimpe avec l’arrivée des touristes depuis. A part les làgoustes nous repérons des araignées, pas mal de murènes, des bourses et des vivaneaux au marché en bord de mer.

Ensuite nous nous promenons sur la belle plage de la Pointe Faula. Cette ballade nous offre une vue de rêve les pieds dans l’eau turquoise sur fonds de sable immaculé…

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Après moultes tergiversations nous nous arrêtons déjeuner au François, village sans intérêt et franchement laid…repus néanmoins le reste de l’après-midi est consacré à la découverte de l’Habitation Clément. Cette « habitation » regroupe la plantation de canne à sucre, la rhumerie (celle-ci n’est plus « fumante » c’est à dire que la distillation ne s’y fait plus aujourd’hui mais se visite comme un musée) et une maison créole d’époque (XVIIIème siècle). L’habitation Clément est très belle et entièrement ouverte vers l’extérieur culminant sur tout le domaine. Nous découvrons entre autres le système astucieux de volets des maisons créoles qui se passent ainsi de fenêtres. La plantation est parsemée de plantes et arbres tropicaux de toute la région des Antilles et d’Amérique du Sud. Et enfin, la fin de la visite est organisée en open bar nous permettant de déguster des ti’punchs et de vieux Rhums presque comparables à de vieux cognacs, sans vouloir offenser nos lecteurs connaisseurs.

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Dimanche arrive et nous avons réservé Chez Gracieuse au Cap Chevalier. Nous nous faisons une joie tant les témoignages sont unanimes sur la qualité de ce restaurant fréquentė par beaucoup de locaux. Mais nous sommes le 14 Février et l’établissement nous a concocté un menu de Saint-Valentin déterminé à séparer tous les couples! Bilan, trois heures d’attente, service désagréable et repas froid à un prix déraisonnable! Nous partons sans manger de dessert, notre choix de toutes façons épuisé en milieu d’après-midi….expérience que nous ne renouvellerons pas!!! Heureusement il y a le service sympathique de l’Annexe pour nous requinquer le soir-même où nous assistons à un concert « made in Martinique » :

Le lendemain nous repartons vers le Nord Caraïbe en traversant le village Saint Pierre. Avant, nous nous arrêtons pique-niquer sur la plage devant les cases créoles du Carbet – désuet. Nous reviendrons par l’intérieur en nous arrêtant au Domaine d’Emeraude en pleine forêt tropicale humide et à la cascade du Saut du Gendarme.

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Notre dernière journée avec Amandine nous permet de finir de découvrir les Anses d’Arlet que nous avions tant appréciées avec Takoumi. Le bourg de petite anse, notamment se montre fort sympathique, même si finalement, nous lui préférons Grande Anse pour le déjeuner et la baignade. Amandine a tout juste le temps de se dessaler, remplir son énorme sac curieusement moins rempli malgré les bouteilles de Rhum achetées chez Clément…et repartir prendre l’avion. Voilà, les vacances sont finies mais nous nous reverrons bientôt!

 

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Bons baisers de Fort de France !

En remontant vers la baie des Flamands, le mouillage de Fort-de-France qui se trouve gauche du Fort Saint Louis et en aval du Mont Pelé, nous essuyons un grain par 25-30 nœuds! Nous voilà prévenus, le temps change vite dans les Petites Antilles…

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Les quelques jours avant l’arrivée d’Amandine nous permettent de découvrir la ville, son marché un peu trop touristique, ses commerces et ses environs.

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Nous nous avitaillons au Supermarché du petit centre commercial du centre-ville et nous y retrouvons « pris au piège » par la tombée d’une pluie tropicale – par 30 degrés!

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Mais a part ça malheureusement, tout le bord de mer de Fort-de-France est en travaux ainsi que la cathédrale aussi la ville ne se visite pas vraiment lors de notre passage…Donc nous repartons dormir en face, à l’anse Mitan et déjeunons à l’Anse à l’Âne avant de revenir chercher notre amie la veille du début du carnaval Martiniquais!

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Avec une préférence pour la seconde, ces deux petites anses sont un peu peuplées et construites à mon goût après Les anses d’Arlet, mais elles sont un havre de repos pour un WE en rade de la capitale. Nous la rejoignons d’ailleurs en fin d’après-midi 3 milles plus loin et récupérons Amandine au ponton des annexes vers 21h en face du joli parc de la Savane. Le lendemain nous partons faire les formalités de sortie du pays dans la boutique Sea Services à l’autre bout du centre ville heureusement très petit.

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Nous repassons par le marché et les quelques rues animées de Fort-de-France pour rejoindre notre annexe avant le grand départ pour les îles Grenadines. Mais le carnaval bat son plein rue de la Liberté aussi nous nous amusons beaucoup en regardant les écoles défiler avant de reprendre la mer! La musique,les costumes et masques vifs en couleurs et formes représentent si bien la gaité des habitants de ce joli bout de terre que nous prévoyons de quitter une dizaine de jours. En route pour Bequia!

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Le ballet d’Arlet

Après avoir quitté notre mouillage d’accueil de la Martinique nous avons fait route au Nord, contourné l’imposant rocher du diamant et rejoint les anses d’Arlet, Grande Anse plus exactement.

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Connue pour abriter de jolis fonds, tous les matins nous assistons au ballet des tortues, des baigneurs masqués et des annexes nuit et jour qui rejoignent par la plage les « lolos » colorés.

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Cette petite anse m’a subjuguée, nous nous ressourçons sous les cocotiers, dans l’eau très claire, sur le fin sable blanc sous nos pieds nus. Nos matinées sont très occupées par l’observation des tortues et je souhaite les filmer en nageant bien-sûr pour vous faire partager ces instants magiques – malheureusement lorsque je plonge avec la petite caméra étanche je me rends vite compte qu’elle n’est plus tout à fait étanche…Olivier essaiera le riz, le rinçage à l’eau douce pendant 3 jours mais sans succès, la petite caméra est définitivement noyée! Heureusement, nous avons quand même réussi à filmer les tortues au dessus de l’eau – après de nombreuses tentatives – en effet, les tortues ont l’habitude de plonger dès qu’elles voient une caméra…

Nous dégustons notre première langouste et apprenons que, en cette saison, les bons pêcheurs laissent une nacelle 22 jours, assez loin du rivage pour obtenir une bonne pêche à coup sûr. Nous visitons le seul magasin derrière la plage pour trouver quelques légumes et du jambon blanc en boudant les boudins (trop plein) ou les saucisses industrielles. Le reste de la viande y est vendue surgelée, comme les fruits de mer et le poisson. Il y a tout de même quelques pêcheurs qui vendent leurs trouvailles au nord de la plage mais il faut se lever de bonne heure, comme pour les langoustes et les ananas, tous ces trésors partent vite quand il y en a!

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Nous avons passé trois jours très agréables dans ce havre de paix. Nous avons même dansé avec les martiniquais un soir dans un bar au rythme du Stressless band qui chante fièrement les couleurs et richesses de l’île aux fleurs. C’est au terme de cette soirée festive qu’Olivier se rend compte qu’il a égaré les clefs du moteur de l’annexe au moment de rejoindre le bateau! Tout le monde se met à leur recherche y compris les employés du restaurant de plage avec lequel nous avons sympathisé depuis notre arrivee…Je finis par les retrouver dans le sable à côté de l’annexe – tout simplement, l’expérience semble fréquente a Grande Anse en saison …

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Le dernier soir néanmoins nous assistons à une bagarre et alors que nous souhaitons intervenir, une dizaine de personnes nous crient « n’intervenez surtout pas vous!!! ». Par « vous » il faut traduire « blancs » ou métropolitains. Apeurés et surtout surpris nous en parlons avec un couple installé ici depuis 17 ans et découvrons les problèmes récurrents de drogue et de bagarre sur cette plage. L’homme nous raconte les jalousies dont il pense avoir pâti ayant investi quelques affaires qui ont été saccagées avec brutalité avant qu’il ne se résigne à prendre sa retraite. Ils nous parlent « d’avant » lorsque la plage faisait 10 mètres de plus et lorsque le patron du restaurant voisin, personnage très influent et respecté par les populations diverses faisait régner l’ordre, disparu depuis peu….Nous quittons ce mouillage trop vite pour porter un quelconque jugement mais apprécions d’en avoir découvert quelques-unes de ses multiples facettes, en attendant d’y revenir peut-être prochainement. Pour l’heure nous allons découvrir Fort de France où nous avons RDV dans 3 jours avec Amandine qui vient passer un peu plus de 10 jours à bord de Takoumi!

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L’heure des comptes, « des chiffres et des faits »

Recette de la traversée. Pour une bonne traversée, il nous a fallu:

Parcourir environ 2200 miles en perdant seulement 4 kgs…

Consommer

Eau douce – 225 litres soit une peu plus de 13 litres par jour, utilisée seulement pour
* laver les aliments (légumes, poissons)
* rincer les verres (toute la vaisselle à l’eau de mer par ailleurs)
* la dernière eau de rinçage de nos douches (également à l’eau de mer)
NB: nous avons gardé la lessive pour notre arrivée au port – 10 -15 kgs je pense si on inclut vestes de quart etc. Moins si nous jetons enfin les quelques T-shirts et shorts usés que nous avions réservés pour la traversée – nous n’avons pas fait de concours de beauté non plus pendant l’épopée !

Boissons
Eau Potable (bouteilles) – 43 litres soit un peu plus d’1,25 litres par jour et par personne.
Vin – 7 litres soit 20 cl par jour et par personne (en comptant les fêtes…)
Jus d’orange (Manue seulement) – 4,8 litres soit 28 cl par jour
Divers (Olivier seulement) nsp
Lait – 7 litres soit 20 cl par jour et par personne
Café – 3 x 250g / 1 litre par jour (thermos) soit 50 cl par jour et par personne
——————
Total environ 2,5 litres par jour et par personne

Heures Moteur – 58 heures dont
* 8 heures d’affilée = un jour de pétole
* 45 heures sous voiles – seulement pour charger les batteries (peut-être évitables avec une éolienne que nous n’avons pas???)
Consommation de diesel – 120 litres sur 350 soit 1/3 du plein
Consommation moyenne – 2,07 litres par heure (2,77 l/h en prise à 2000 trs/min et 1,85l/h à 1500 trs/min pas en prise)

Poissons – 2 (39 cm et 64 cm) Leurres perdus – 2 (Arghhh)
Pain – 10 x 125g (poids d’une demi-baguette pré-cuite) soit 1,250 kgs / 37g par personne et par jour

Sucre en morceaux – 250 g pour toute la traversée (peu!)
6 ou 8 soupes chinoises pour les 3-4 soirées où on était crevés, la plupart pendant la première semaine de traversée…
Beurre – 600 g dont 250 g pour le quatre-quarts
Céréales – 300 g
Beaucoup (trop) de Twix, Prince, Mars, Snickers, Lions, bonbons, un peu de lait concentré, de Dulce de leche, d’oreo cookies, de chips ahoy et du quatre-quarts ?
Sopalin – beaucoup trop mais il en reste des tonnes
Piles – ben pareil…

Réparer le bateau
Casse, Pannes ou pannettes – 5 – 1 génois déchiré, courroie et embase de l’alternateur d’arbre, fuite et relai à changer du pilote automatique, batteries qui se rechargent mal.
Un épisode (heureux) de récupération d’homme à la mer

Allures, configuration des voiles
Au portant – génois seul ou grand-voile seule – plus l’artimon par temps plus calme (rare) Par vent arrière la grand – voile était arrimée (système de poulies avec retour et fixation sur les taquets dans le cockpit)
Tangon…spi, nous avons fait plusieurs essais mais jugés galères
Au près et au travers – Grand-voile plus génois (un ou deux ris, génois enroulé au premier point ou au tiers)

Sécurité, confort
Les gilets quasi en permanence – la nuit et un peu pendant la journée notamment quand on est seul à la veille.
Tel satellite – bien marché pour récupérer les gribs météo tous les 3 jours pour la zone
Mode vent du pilote utilisé 75% du temps pour éviter les empannages (bateau rouleur, vagues et vent très changeants!).

Tauds latéraux dans le cockpit laissés durant 99% de la traversée (protègent du vent et de la pluie – même si au portant ils ne servent pas à grand chose). Les marques des ris rendent la prise de ris ultra- simple et évitent que la bôme n’explose tout sur son passage au dessus de la casquette. L’annexe bien rangée dans son coffre ne nous a pas dérangés en prenant le vent.
Mais attention, les balancines ont tendance à s’accrocher sur les barres de flèches lors des manœuvres (artimon et grand-voile!) donc à reprendre avant! Les écoutes de génois partent également facilement sous la coque si tu n’y fais pas attention. Et attention à la drisse de spi en enroulant le génois – elle peut facilement se prendre dans l’engrenage ; il arrive fréquemment que la bosse d’enrouleur ou les écoutes se prennent soit dans le taquet tribord avant ou le taquet du guindeau. Pour les hublots, c’est pareil, nous les fermions par précaution pour laisser le champ libre aux écoutes sur le pont. A part ça, nous traînons deux soucis que nous peinons à régler sur le Sharki depuis le début du voyage- une fuite sur le circuit d’eau douce (nous éteignons la pompe après chaque utilisation) et LA fuite d’huile moteur qui tapit amplement et copieusement le fond du puisard. Si vous avez des solutions (simples de préférence…) nous sommes preneurs!

Sommeil – nous dormions à la gîte dans la cabine propriétaire et parfois dans le carré – nous n’avons pas utilisé les planches anti-roulis parce que jugées trop bruyantes et la couchette trop exiguë et inconfortable.

Vêtements – combis de pluie et vestes de quart, chapka (pour prévenir les otites) pantalon chaud et shorts usés ! Trop peu de crème solaire….maillot de bain mis deux fois seulement !

Les divagations de Manuela

J1 (mercredi 30 décembre 2015)
Ce que nous n’avions pas prévu déchirer le génois le premier jour
Ce que nous avions prévu : le heavy duty sail repair et le speedy stitcher en cas de pépin ! Décider de se lancer dans la traversée dans ces circonstances paraît gonflé et pourtant tout est question d’analyse de risque etc. Choses que je ne pensais plus faire en quittant mon travail et je n’ai jamais autant travaillé depuis!
Quant à la logistique à bord je sais déjà que je n’avais pas prévu les vagues constantes que nous subissons si bien que je regrette déjà le manque de simplicité de certains plats que nous comptions déguster en navigation. Mais nous n’en sommes qu’au début donc réserverai mon jugement. Pour l’instant, les repas sont sportifs et le but est de les simplifier et écourter au maximum afin de retrouver un minimum de confort.

J2: nous nous accoutumons plus vite que lors de la dernière traversée – mais réalisons que nous n’allons pas voir grand chose qui vit pendant longtemps…a part des centaines de poissons volants bien-sûr ! J’adore regarder la mer mais je me demande ce que j’en penserai dans 8 jours……..
Tâche quotidienne : ramasser les poissons volants échoués sur le pont – Olivier s’occupe du pont bâbord et moi de tribord jusqu’à présent. Je n’arriverai jamais à m’y faire chaque fois que je tombe nez à nez avec cette petite bestiole par surprise le matin au réveil !
La navigation s’est bien passée aujourd’hui et l’alternateur d’hélice nous a bien aidés pour éviter de mettre le moteur en route pour charger nos batteries. Néanmoins, comme nous « sous-toilons » la nuit aussi avons quand même dû le faire marcher 2 heures, au deuxième jour de traversée…j’espère que ça ira, nous n’avons du gasoil que pour faire un tiers du chemin cette fois….Demain nous devrions charger avec le générateur pour la première fois.

Repas de 31 super mais j’oublie de temps à autre que nous sommes passés en 2016. Nous avons bu un ou deux verres mais nous sommes plus attentifs à la navigation et aux contraintes de sommeil et de marche du bateau que 100% à la fête – bien que nous ayons réussi a nous prendre au jeu une heure ou deux. Ensuite dodo – avant le passage en 2016 pour tout vous dire. Le meilleur moment de notre soirée est quand nous allumons la bombe de table dans le cockpit juste après le coucher du soleil. Des petits cœurs et cotillons sont à présent collés sur les tauds latéraux du cockpit et nous font penser aux amis qui nous manquent et que nous imaginons en train de fêter cette fin d’année! Merci Myriam et Stéphane d’avoir pensé à nous faire embarquer cette petite bombe qui a eu son effet (film).

J3 – Jour de l’an
Nous ne sommes pas prêts de l’oublier celui-ci – la journée avait très bien commencée. Mine de rien nous avions adapté les festivités à nos horaires de quart et avions donc bien récupéré de la première nuit qui est toujours difficile. C’est ainsi que je me suis couchée juste avant minuit en France après avoir souhaité une très belle année à Olivier avec un petit quart d’heure d’avance. De toutes façons nous décidons de l’heure depuis notre départ sachant que nous allons traverser 4 zones. En quittant Mindelo (UTC -1) nous nous sommes calés sur l’heure UTC, l’heure que la pendule de Takoumi affiche à bord. Dans quelque temps nous nous décalerons d’une heure par-ci par-là pour arriver en Martinique en UTC-4.
Donc, bien dormi et d’attaque! Mais la journée se solde par beaucoup d’inquiétude et de bricolage. En effet, c’est la charge des batteries que nous tentons de maîtriser et le générateur testé fait des caprices de surcharge. Lorsque nous trouvons enfin une solution (que l’on ne comprend pas pour le coup mais qui marche…), ben il n’est pas très efficace et fait un tel barouf que nous ne l’utiliserons qu’en cas d’urgence! Ensuite, petite pannette ( petite petite panne, pas nette) découverte sur l’alternateur d’arbre qui plus est – mais c’est vite réglé ouf, il charge à nouveau!
Deuxième (ou troisième?) problème beaucoup plus stressant une fuite d’huile sur le moteur (Neco) du pilote auto. Alors là on est mal s’il rend l’âme – nous cherchons, cogitons et finissons par sceller le boulon qui semble suinter. Pas très satisfaisant mais si ça marche nous sommes contents. Sinon comme le disait Alain (formateur de la grande Motte) « Yaka démonter, t’as pas l’choix » – après tout c’est un moteur même s’il est bien différent d’un diesel marin, le sujet de notre formation.
Avec tout ça nous n’avons pas pu nous reposer de la journée et sommes déjà crevés. Repas du soir, menu de bébé – c’est-à-dire jambon moulu, et coquillettes à l’emmental – que nous ne trouvons pas à Mindelo donc nous râpons du Gouda. C’est différent. Juste avant de servir je vois quelques petites bêtes en surface de l’eau des pâtes (un reste d’Italie). Honnêtement, il est trop tard pour refaire à dîner, qui plus est nous ne souhaitons pas gâcher deux portions de pâtes au début du trajet…Bref, nous les enlevons dans nos assiettes, enfin celles que l’on voit et mangeons très vite. Je crois que nous commençons à relativiser…
Nous avons eu entre 20 et 30 nœuds de vent toute la journée et cette nuit, le vent est descendu en dessous de 15 nœuds, les vagues se sont calmées une heure ou deux. Ça repose au début mais vite, je me surprends à souhaiter plus de vent pour avancer décemment et charger sans avoir à allumer le moteur. Néanmoins je viens de finir de lire la Vie en Mieux d’Anna Gavalda qui me laisse emplie de positivité. Après La Traversée de Philippe Labro ça m’a quelque peu remonté le moral. Bien qu’il ne s’agisse pas de la même, en parlant de Traversée, il y a de quoi devenir psy ou philosophe durant les heures « creuses » de notre périple. Je réfléchis régulièrement à ce qui est important, ce que je suis sans doute inconsciemment en train d’apprendre ou de comprendre au cours de ce voyage. Des mots me viennent à l’esprit que je veux retenir et noter avant de les oublier:
L’équilibre – on le cherche sans cesse dans la vie et bien, il devient vital en mer au long cours – l’équilibre du bateau pour sa bonne marche, notre bonne forme sans quoi nous ne pouvons pas bien l’équilibrer, qui passe par notre équilibre mental et physique, qui dépend de l’équilibre de notre hygiène, sommeil, de nos ressources telles que l’eau et la nourriture, etc. Enfin, l’ambiance à bord est importante – si nous déprimons tous les deux en même temps concernant la dernière pannette, ça ne marche pas. Il nous faut garder le courage et la volonté de surmonter les obstacles et pour cela, nous créons une espèce d’harmonie à bord que je trouve essentielle.
Préserver est devenu ma priorité de chaque instant – d’abord nous préserver, en second lieu le bateau.
L’instant, le moment, maintenant – j’ai souvent cité le livre intitulé « the Power of Now » dans mon boulot (sans jamais l’avoir lu, je peux vous faire cette confidence) mais n’êtes-vous pas d’accord que l’instant présent dans l’aventure est primordial? Il faut s’adapter au mieux à des circonstances très changeantes et variables soudainement. Bien qu’épuisé il faut quand même trouver la ressource pour aller réduire les voiles quand les vagues se mettent à déferler, le vent à tout soulever! C’est là que la discipline entre en jeu, un peu comme le service militaire qui bizarrement ouvre l’esprit de certains jeunes épars à l’ordre, au devoir, qui apprennent des automatismes sensés les aider à survivre en cas de véritable conflit. Évidemment dans une caserne au fin fond de la Sarre, ça paraît stupide et réducteur mais en mer, je trouve que ces principes s’appliquent assez fréquemment. Pourquoi ne pas proposer un service nautique à nos jeunes à la sortie du lycée? Un service survie également à la Koh Lanta en moins stupide pour que cela ne ressemble pas a un mélange de colonie de vacances et reality show. Je le pense parce que j’ai suivie au moins 4 saisons, comme beaucoup de français…Bref, la mer au longs cours rend un peu psy et philosophe…ou simplement barjo nous verrons bien dans quelques semaines.

J4 (samedi?)
RAS si je puis dire, notre première journée de bulle. Vent stable, bonne vitesse de croisière et nous avons dû nous habituer aux vagues qui ne nous dérangent plus. Les repas sont toujours un moment chaotique mais nous avons changé de stratégie en nous installant dans le carré à la gîte. J’ai même tenté de cuisiner ce soir (carottes et pommes de terre aux ognons et à la crème à la cocotte minute…) mais j’avoue être exténuée après un tel numéro d’équilibriste. Nous enroulons le génois vers 22h en prévision de la nuit (plutôt ventées par ici) mais je n’ai pas encore trouvé le moyen d’enrouler sans devoir forcer au-delà de mes capacités physiques par 20-30 nœuds. Il s’agît de trouver le point d’équilibre du génois pour qu’il faseye suffisamment mais pas trop, afin que l’enrouleur vienne sans trop forcer – mais un peu quand même. Bel exemple de l’importance de trouver l’équilibre…Nous ferons d’autres entraînements demain de jour pour que j’y arrive enfin. Dormir ce soir sera un challenge, le vent et les vagues ont forci et le bateau est très secoué. D’ailleurs nous nous n’avons vu aucun dauphin depuis notre départ et pensons que la grande houle et les déferlantes, ce remous incessant en sont la cause. Pas tellement d’oiseaux non plus mais des poissons volants tout le temps! Mais ça je vous l’ai déjà dit je crois?

J5 (dimanche, j’ai vérifié !)
Grande fatigue aujourd’hui – je me suis levée en comprenant mieux ce que Georges, rencontré à Taormine, voulait dire quand il nous conseillait sur la transat de dormir dès qu’on pouvait. En fait c’est parce que la plupart du temps, tu ne peux pas dormir! La nuit dernière la mer était comme des montagnes russes et je ne m’endormais qu’entre deux tours de manège. Les vagues semblent régulièrement attaquer Takoumi – BAAM sur bâbord, BAAM sur tribord et par dessous la coque! Les alizés soufflent en permanence entre 20 et 30 nœuds et semblent maintenant un peu plus faibles le jour. La journée est assez agréable d’ailleurs mais comateuse…Olivier fait tout pour maîtriser la fuite d’huile de « Neco » qui continue de nous embêter. En revanche nous n’avons pas remis le moteur en route depuis plus de 24h grâce à l’alternateur d’arbre et notre vitesse – il charge à merveille – pourvu que ça dure! En fait, notre vitesse moyenne est d’environ 5,8 nœuds sur les 5 derniers jours – ce qui est beaucoup par rapport à nos navigations précédentes (4,7). Nous avons déjà parcouru plus d’un quart du chemin mais c’est encore bien trop tôt pour en conclure que nous mettrons moins de 3 semaines – nous pouvons rencontrer des grains, ou pétole et perdre du temps sur les 3/4 restants bien qu’on ne le souhaite vraiment pas.
Nous sommes fatigués mais sereins, vigilants car les conditions ne sont pas de tout repos, ce qui est bien en mer – d’être vigilant, pas les conditions pourries comme dirait Olivier. Pour l’heure notre seule véritable angoisse concerne le pilote auto et cette fuite donc nous commençons à penser au possible système D au cas-où. Il vaut toujours mieux être préparés au pire avant qu’il n’advienne n’est-ce pas. Les scénarios catastrophe ne manquent pas pour alimenter quelque unes de nos discussions durant la journée – juste histoire d’être prêts – au cas-où. Cela doit paraître un peu stressant n’est-ce pas? Je confirme mais nous étions prêts à cela… juste moins au fait de n’avoir pas encore vu un seul dauphin, ne pas pouvoir buller un peu plus souvent et les repas séance de sport en salle abdos – fessiers! Cela-dit, prendre nos repas à la gîte nous soulage les muscles, la musique et la lecture nous tranquillisent et demain, si l’état de la mer le permet, je recommence à pêcher!

J6
Bon eh bien je pêcherai plutôt demain…journée mouvementée comme d’habitude si je puis dire. J’ai aperçu un grand oiseau blanc avec le bec orange courbé qui nous tournait autour en espérant qu’il se joigne à nous mais il s’en est allé….Pas assez confortable je pense, je lui souhaite d’avoir trouvé un cargo sans doute plus luxueux pour sa traversée. A ce sujet nous n’en avons vu aucun de cargo, juste aperçu une trace AIS éloignée sur le traceur. En réalité tu as très peu de chance de croiser d’autres bateaux pendant la traversée aussi on veille le temps, les vagues plutôt que la circulation. S j’osais je dirais que nous veillons au « grain » mais l’expression a déjà été détournée…Je ne sais pas si vous l’avez remarqué mais la traversée ne se fait que dans un sens…c’est une réflexion bête peut-être mais je n’en ai eu pleinement conscience que le troisième jour après notre départ. Je m’explique: à J1 quand nous déchirons notre génois nous sommes à 23 miles de Mindelo et seulement 8 du mouillage le plus proche sur l’île de Santo Antao. Nous pouvons encore rebrousser chemin et réparer « à terre ». Mais à J3 quand l’alternateur et le pilote montrent des signes de faiblesse il est déjà trop tard, nous sommes presque à 400 km de la côte. Espérer remonter au vent des Alizés qui soufflent rarement en dessous de 20 nœuds et jusqu’à 30-35 nœuds depuis notre départ n’est même pas envisageable compte-tenu des vagues. Là j’ai soudain eu conscience que nous allions aller au bout de cette traversée – d’une manière ou d’une autre! A la veille de la fin de la première semaine de navigation la réparation du génois tient très bien, le pilote bosse dur et assure pour l’instant, même si nous nous attendons à devoir l’aider le moment venu. Je pense donc que nous avons bien fait de ne pas rebrousser chemin le premier jour, mais surtout, que nous avons eu beaucoup de chance que cela nous arrive alors que nous étions encore sous le vent de la dernière île du cap vert pour faire une réparation à même le pont pendant 2 heures sous moteur. Je n’ose pas imaginer la même chose maintenant – je touche du bois!! Par chance il y en a plein à bord mais je me dis plutôt que cette expression doit venir du milieu maritime? Il faudra que je la recherche quand nous serons à nouveau à terre.
Je pense à mes frères cette nuit, l’un pendant ma pause rituelle de demi-quart pendant laquelle je mange mes oreo cookies ( trempés dans du lait pour ma part, c’est un délice !) et l’autre parce que nous apercevons un cargo à l’AIS qui se rend à Wilmington où il vit. Vers 5h30 j’ai reçu un SMS de mon père qui m’a fait sourire – il y est justement en ce moment à Wilmington…
Quart de quoi d’ailleurs, un demi quart n’a jamais fait 2 heures?? Encore quelque chose à rechercher « de retour sur terre »….ah si nous avions internet au moins je n’écrirais sans doute pas toutes ces broutilles ?!!!!

L’ennui à bord, c’est une bonne question concernant la traversée – je ne peux pas dire que je m’ennuie parce que nous sommes en veille constante donc avons une occupation à tout instant. Mais la veille c’est un peu comme surveiller des gamins en permanence j’imagine. Il ne se passe pas toujours quelque chose mais on ne peut pas non plus laisser une ribambelle de jeunes ou jeunes enfants seuls très longtemps sans ce semblant de surveillance. Cela ressemble à de l’ennui dans ces moments creux ou il ne se passe rien. Mais je surveille les vagues pour qu’elles n’en profitent pas pour envoyer Takoumi de travers, le vent pour qu’il ne dévente pas mon génois, et l’heure pour me motiver en attendant la relève qui s’avance. Olivier et moi convenons que lorsque nous nous relevons l’un l’autre c’est « libératoire » – mais ça c’est parce que l’on rêve de se rendormir quelques heures, non pas parce qu’on s’ennuie. Je dirais même que la veille est assez fatigante et que dans cette traversée bien particulière elle s’avère assez intense. Je crois que je vous l’ai déjà dit mais…vraiment, Rien n’est bien stable, bien au contraire le vent varie toutes les secondes de plusieurs nœuds, les vagues viennent de derrière de travers et nous soulèvent sans raison apparente. Et tu passes ton temps à observer et analyser tous ces facteurs pour équilibrer ton bateau, enfin essayer…bref, je ne pense pas que nous nous ennuyons beaucoup finalement.

J7
Le vent tombe en dessous de 20 mais les vagues sont toujours imposantes. Nous sommes fatigués sur Takoumi. Alors nous nous occupons entre deux siestes et deux quarts (qui font un demi). Journée cuisine – salade de riz le matin et quatre-quart dans l’après-midi (c’est un gâteau, rien avoir avec la navigation :). Nous n’avons plus d’œuf à présent faute d’en avoir débusqué à Mindelo (très prisés pendant les fêtes de fin d’année !). J’ai terminé un premier roman d’Agnes Ledig que je ne connaissais pas, divertissant mais loin de la joliesse des mots d’Annna Gavalda. Dans la soirée je commence le premier livre de poésie écrit par mon ami Américain Rob. Je les gardais pour la traversée donc me réjouis de les commencer. Alors que nous voguons sur l’océan, Rob se promène en Asie en ce moment.

J8
Enfin les vagues s’estompent et m’autorisent à pêcher! Qu’à cela ne tienne, avant le déjeuner je remonte un beau spécimen de 39 cm, ce sera parfait pour le dîner. Le vent est encore tombé et nous allons bien moins vite mais le calme revenu nous repose un peu. Bien que nous trouvons que nous nous traînons… La vitesse faible ne permet plus de charger les batteries grâce à l’alternateur d’arbre donc nous remettons le moteur en route sous voile pendant 2 heures. Première fois depuis 5 jours, c’est pas mal! Et premier apéritif sur le pont depuis notre départ. Il commence à faire chaud. Le soleil se couche vers 21 UTC. Le poisson s’avérera vraiment délicieux et repus, moyennement secoués, nous dormons beaucoup mieux cette nuit.

J9
Je n’ai pas noté quand il a commencé mais le mauvais temps nous a rattrapés. Le calme n’aura pas duré assez longtemps à notre goût et nous passons une nuit très mouvementée. Pas moins de 3 grains avec des pointes de vent à 35 nœuds. Les voiles sont réduites et tout se passe très bien, presque confortablement mais mes doigts sont fripés comme si j’étais restée trop longtemps dans mon bain…il y a pourtant longtemps que je n’ai pas pris de bain, il me semble que le dernier remonte au matin de notre mariage! Le temps ressemble à ce jour-là d’ailleurs. Heureusement il fait bon et nous séchons entre deux averses. Je ne pêche que des algues depuis 2 jours et la motivation baisse un peu avec la fatigue néanmoins, « demain est un autre jour » comme dit Olivier.

J10
La nuit qui a suivi était peu agitée et nous avons fait route au moteur plusieurs heures au lieu des 2 heures prévues pour recharger les batteries. C’était trop calme n’est-ce pas? En effet à 4 heures du matin, le pilote décide de s’arrêter! Je commence à peine mon quart et me vois déjà devoir barrer pendant 4 heures. Pas facile et source de torticolis d’après mon expérience. Coup de chance ou bonne préparation: nous avons le relai de rechange qu’Olivier installe en trois minutes chrono et le problème semble réglé. Avec le recul je pense pour ma part que cette panne datant du passage du détroit de Messine – en Août je crois était une chance pour nous de bien nous préparer pour cette traversée…et les mois de navigation côtière sont irremplaçables pour bien connaître et maîtriser (quand on peut) un bateau de 35 ans avant une grande étape.

J11
Les grains semblent définitivement avoir laissé leur place à la pétole entrecoupée de minces accélérations du vent en dessous de nuages. Nous avançons doucement doucement peut-être pour commencer à nous acclimater à notre prochaine destination, qui sait ? Depuis ce matin la tenue obligatoire est le maillot de bain sous un soleil de plomb. Nous mettons même le taud de soleil pour profiter du cockpit à l’ombre. Il fait 30 degrés dans notre cabine au moment de la sieste mais nous pouvons enfin ouvrir les hublots fermés jusque-là pour nous protéger de beaucoup d’humidité.
J’ai ferré un poisson qui s’est décroché à quelques mètres du bateau….navrant! Ensuite des algues, encore et toujours des algues!! Nous devrions véritablement apprendre à les cuisiner.
En effet, nous voyons des nappes d’algues sur l’océan qui prend alors des teintes oranges, parfois rouges au sein d’un bleu intense. C’est assez étonnant. Les nuages se dissipent au cours de la journée et nous pouvons voir le soleil se coucher – enfin! S’ensuit une nuit calme et très belle. Et notre sommeil plus serein. Il fait bon de récupérer un peu malgré notre meilleur score de lenteur. Quand au bateau, un problème laissant place à un autre, nous avons des soucis de recharge de batteries plus sérieux depuis hier, qui nous contraignent à mettre le moteur en route plusieurs fois par jour sous voiles. Nous espérons que ce ne sont pas les batteries elle-mêmes et pouvoir recharger plus facilement dès qu’il y aura du vent – ce qui n’est prévu que mercredi malheureusement. La seconde moitié de la traversée s’annonce bien plus longue. Ceci dit nous sommes plutôt bien alors rien ne presse finalement.

J13
Le calme annoncé ce fût une très belle journée – comme une récompense, nous avons profité de l’absence de vent, de vagues et donc de vitesse pour faire un « mouillage » en plein océan! Grisant!!! Nous nous sommes mis à la cape en laissant dériver Takoumi, et nous sommes jetés à l’eau (un bout à la main par sécurité) deux fois dans la matinée. Et à force de pêcher des algues, eh bien je réussis non sans peine à ramener une magnifique dorade ou mahi-mahi de 64cm en fin d’après-midi. Nous dînons « comme à la maison » et apprécions grandement le sashimi accompagné de riz basmati. J’avoue que ce moment est fantastique. Mais la météo change peu à peu et malgré un vent faible, nous vivons une autre nuit de grains…

J14
Un peu plus de farniente et de détente nous aurait convenu….mais non, la mer n’est franchement pas belle aujourd’hui et je suis fatiguée par la nuit sportive. Le vent changeait toutes les 5 minutes et nous étions souvent au près serré avec des vagues de travers. Je n’aime pas cette allure, je trouve la navigation inconfortable. Les vagues sont trop fortes par rapport à notre vitesse. Jour sans pour moi…mais j’aurai quand même l’occasion de voir un bel oiseau noir immense pêcher les poissons volants. Le soir venant, la mer se calme un peu et le coucher du soleil est au rendez-vous. Je me surprend à cuisiner avec plaisir quand les conditions me le permettent à bord. Un repas frais après deux semaines de traversée est un vrai bonheur qui plus est. Il ne nous reste que des pommes de terre, des oignons, de l’ail et des citrons verts mais tout cela agrémente parfaitement le mahi mahi aux amandes en papillote pour notre dîner. Je commence également à soupçonner que je ne perdrai pas un kilo d’ici notre arrivée…Nuit sereine, nous avançons bien une grande partie de la nuit et c’est l’occasion pour moi d’écrire à nouveau après une panne d’inspiration de deux-trois jours…

J15
Voilà deux semaines que nous sommes en mer et nous avons une sacrée organisation que nous continuons d’améliorer. C’est étrange de vivre côte à côte dans un espace aussi réduit tout en se croisant, en faisant chacun notre vie séparément la plupart du temps. Notre relation diffère selon le moment de la journée, co-capitaines pour les manœuvres, les quarts de veille – et de sommeil que nous défendons, les taches quotidiennes de vie à bord, amis pour la pêche, les jeux ou les discussions de livres que nous sommes en train de lire, et conjoints attentionnés et « caring » pour tout le reste. Nous sommes contents de ne pas avoir embarqué d’équipiers car c’est riche mais déjà compliqué à deux et nous n’aurions pas vécu tout ça ensemble de la même façon.
Ce soir nous avons trinqué au passage des derniers 300 miles sur 2100 environ. Je suis motivée par la perspective d’arriver mais essentiellement pour pouvoir dormir quand et le temps que je veux. Après avoir récupéré un peu, je pourrais envisager une certaine excitation concernant le reste – les tropiques, coraux et poissons palettes, chaleur, rhum et petits punchs, mais aussi, nouvel endroit, nouveaux codes et fonctionnement à déchiffrer, le linge, le bateau, le marché, le tourisme…). Petite note au sujet des déchets dont il faudra s’occuper en arrivant à terre, nous sommes effarés par la quantité d’emballages, bocaux, boîtes etc. A ce jour nous avons 30 litres de déchets ménagers pour plus de 40 litres d’emballages. C’est une catastrophe cette folie des emballages, et je pourrais vous écrire un chapitre sur leur qualité variable testée dans cet environnement extrême – humidité, chaleur, vent etc. Ça vaut également la peine d’en enlever un maximum avant de traverser si on manque de place.
Quant à aujourd’hui, RAS, un peu…puis plus…puis plus (+)…de vent. Plutôt tranquille.

J16
Il y a eu plusieurs paliers durant les jours, semaines de traversée qui altèrent à la fois notre moral et notre tranquillité d’esprit:
Le premier palier important est quand nous sommes trop loin pour rebrousser chemin – après quelques jours et à seulement 15% du chemin….c’était une évidence bien que sans le choix, vous pouvez toujours essayer…moment inquiétant.
Le milieu….c’est le moment où nous avons commencé à avancer vers notre prochaine escale plutôt que de nous éloigner de la dernière. Moment super important psychologiquement, un tournant définitif – moment un peu rassurant, tu commences à y croire.
Les derniers milles, tu te prépares, redoutes l’arrivée et touches du bois toute la journée en te rappelant qu’en mer tu n’es pas arrivé avant d’avoir posé l’ancre ou avant d’avoir débarqué à quai. Bien que tu tentes de ne pas y penser, une certaine relâche se ressent à bord, on attend, et on passe sur la taille des vagues ou les conditions météorologiques qui il y a dix jours impressionnaient. En fait, nous sommes crevés également alors nous essayons de dormir un maximum en attendant. C’est une peu démotivant cette ambiance sur fond de demi-conscience que nous vivons « un truc de dingue » qui va bientôt s’achever. Je vous en dirai plus plus tard maintenant 🙂

RAS depuis hier, journée en demi-teinte question météo pour avancer convenablement mais rien de particulier. Un poisson que j’imagine gigantesque a réussi à couper ma ligne – adieu le dernier leurre de taille raisonnable…je pêcherai encore demain avec un leurre un peu plus grand en tentant d’éviter les algues…Les grands absents, les dauphins nous manquent beaucoup depuis le départ de Mindelo mais je continue de scruter l’océan pour en apercevoir…à défaut, le début de la nuit était enfin éclairé par un joli croissant de lune à l’horizontal – et je reconnais de plus en plus de constellations – toutes à l’envers pour moi, qui se déplacent de la poupe à la proue de Takoumi au fur et à mesure que la nuit se déroule. Nous avons quand même croisé et vu un cargo à moins de 2 milles cette nuit! On sent que l’on s’approche peu à peu de la terre mais sans la voir….

J17
Moi je pense que la Martinique elle se mérite. Olivier est allé se coucher vers 4h en me disant qu’il pleuvait un peu mais qu’il n’y avait pas de grains cette nuit. Et immanquablement un quart d’heure plus tard il pleuvait, certes, mais il y avait 30 nœuds…qui plus est je voyais une ligne blanche à l’horizon – ça ne pas être bon ça – le bouquin dit ligne blanche = grain blanc avec 30 à 40 nœuds…moi je dis « faut pas y aller » alors je change un peu de cap. Et par acquis de conscience je fais un « check radar », en effet nous sommes plus ou moins cernés par la pluie! Pourquoi me refile-t-il toujours des débuts de quarts comme ça? Comme il dit le vent s’accroît dès que je quitte ma couchette. Et c’est le même scénario presque tous les soirs. Bon mais ça s’est calmé depuis puisque je peux écrire un petit quart d’heure. Pour l’instant, nous pensons arriver demain et nous arrêter au calme au mouillage une nuit ou deux avant d’aborder Le Marin, le port, la ville, histoire de ne pas nous faire mal et profiter d’emblée de cette première île aux Antilles dont les coraux, les plages et les lolos ou restaurants de plage sont « typiques » et reposants.
Nous vivons nos derniers moments de traversée depuis hier soir, dernier apéritif à l’avant du bateau, dernier dîner – gratin dauphinois confectionné avec les dernières pommes de terre de Mindelo – il nous reste 2 citrons verts (petits punchs à l’arrivée?) et un oignon. Nous n’avons pas trop mal géré le stock de légumes et n’avons rien perdu pratiquement. La cambuse s’est d’ailleurs bien vidée mais nous pourrions encore tenir plus de 2 semaines puisque nous n’avons mangé que très peu de conserves, de riz ou des pâtes jusqu’à présent.
Pour l’heure, nous commençons à nous demander s’il fait vraiment beau en Martinique? Nous attendons l’aube avec beaucoup d’impatience en espérant commencer à apercevoir la terre.
Il s’avère que la ligne blanche était peut-être la lumière qui s’en échappait en dessous des nuages très bas jusqu’à notre arrivée. Cette dernière nav’ était pénible, nous avions 10-15 nœuds de vent qui se transformaient en 25-30 toutes les 20 minutes sous un gros amas gris survolant le bateau. Essaie de régler tes voiles dans ces conditions…c’était crevant et pour couronner mon succès à ce jeu complexe, je suis tombée à l’eau deux heures avant l’arrivée ! Nous étions en train de réduire la grand voile et la balancine s’étant coincée dans un hauban, je suis allée l’aider quand j’ai vu la bôme s’abattre vers moi – je suis tombée en évitant de me faire assommer.
Erreur bête qui se termine bien: Olivier m’a vite lancé la bouée et a réussi à me récupérer au deuxième passage, en mettant Takoumi a la cape travers au vent. Le problème quand tu tombes à l’eau, ce n’est pas de nager mais de nager avec ta veste de quart trempée qui semble peser une tonne et vouloir t’entraîner vers le fond de l’océan. Mais ça s’est plutôt bien passé cette expérience de femme à la mer. Ironiquement, ça faisait des mois que je parlais de nous y entraîner. Après ça Olivier m’a relevée de mes devoirs et nous a amenés au mouillage tranquillement. Sous la pluie plus ou moins tout le chemin. Je confirme, il ne faisait pas beau en Martinique ce jour-là. Nous sommes arrivés. Et voilà, la traversée c’est fait et je suis très très fière de cet accomplissement!
Ce matin après avoir fêté cela hier soir en buvant du champagne Mum cordon rouge, dernière bouteille datant du mariage et une douzaine d’heures de sommeil, j’ai mal partout mais je suis sereine, au calme – après la tempête. Et surtout heureuse en prenant mon café en regardant l’arc-en-ciel sur le Rocher du Diamant au loin.

Cap au Cap Vert

Cap au 213° vers Mindelo, la première journée de navigation est une bonne surprise par rapport aux prévisions météo : 122 mn parcourus en 24h essentiellement à la voile.

Les dauphins nous accompagnent par dizaines en quittant le dernier cap de l’île de La Gomera. Un peu plus loin, il y a un groupe de dauphins qui s’éloignent et celui en tête semble faire des sauts verticaux inhabituels … c’est un thon qui tente de leur échapper – en vain!!! Démonstration faite que l’océan regorge de poissons je commencerai à pêcher dès le début de cette traversée … Pour cette étape, la bonne nouvelle est que nous avons un frigo qui fonctionne et que nous comptons bien manger … je teste aussi la conservation des légumes dans un panier trouvé à Tenerife que nous laissons à l’extérieur. Nous dînons ainsi copieusement le premier soir : filet de bœuf aux papas arugadas de Gran Canaria. Durant les quarts de veille, je bouquine le guide des îles de l’Atlantique sur notre prochaine étape. Nous sommes subjugués par les grandes vagues indolores qui viennent ondulant du grand large.

 

Deuxième jour:
Les batteries se déchargent et nous voilà contraints de mettre le moteur sous voile vers 13h une petite heure. Nous n’aimons pas trop ça mais l’alternateur d’arbre fait encore des siennes …
Nous sommes un peu crevés (c’est normal après la première nuit de veille), après le déjeuner – conserves de terrines de la comtesse du Barry et fromage du marché – je m’apprête à faire la sieste – mais je ne dormirai que (beaucoup) plus tard, en effet c’est à ce moment-là qu’une magnifique dorade choryphène décide de mordre à mon hameçon! Ce sera l’activité principale de l’après-midi. Elle mesure 96 cm, pèse son poids et a grignoté mon leurre avec de petites dents bien pointues! Enfin, un gros poisson!

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C’est un beau chantier à bord de Takoumi … Heureusement que nous avions trouvé un raccord nous permettant de brancher un tuyau à l’eau de mer avant le départ (recherché depuis plusieurs mois et rapporté de Paris par Papa il y a tout juste 2 semaines!). Il nous été bien utile pour nettoyer les dégâts (partout!) et préparer notre poisson tout frais. A 19h nous remettons le moteur en route pour charger à nouveau, nous le garderons la nuit parce que le vent a décidé de nous faire faux-bond. La nuit est très belle, les étoiles filantes tombent du ciel comme la pluie.

 

3ème jour (mardi):
Nous sommes seuls au monde, il n’y a rien, absolument rien nous disons-nous à maintes reprises toute la journée – de ce fait nous lisons, mangeons et dormons à peu de choses près dans cet ordre en boucle et à tour de rôle-à part les repas que nous mijotons avec plus ou moins de succès. C’est chouette qu’il n’y ait rien, c’est tranquille comme ça, sans tanker qui s’approche ou mauvaise météo.
On est relativement relax et buvons un apéritif raisonnable devant le coucher de soleil. C’est juste après qu’une grosse troupe de dauphins décide de venir nous rejoindre un petit quart d’heure en jouant sous la poupe de Takoumi, avant que nous nous réfugions dans le cockpit pour le reste de la nuit. Nous avions également bien travaillé cet après-midi : entraînement à la prise de ris de la GV, marquage des bosses de ris pour faciliter les manœuvres (idée inspirée par Esther à Malte), re-serrage de la courroie de l’alternateur qui fonctionne à nouveau et sécurisation de poulies.

 

4ème jour (mercredi):
Nous nous sommes loupés sur nos quarts la nuit dernière d’une demi-heure chacun aussi devons en discuter car nous avons du mal à prendre notre rythme de croisière. Cette expression prend tout son sens à présent! L’alternateur a fonctionné 10 minutes, les branchements sont maintenant en cause ne supportant les vibrations du moteur …
A 12:30 nous apercevons de la vie – 2 bateaux en vue, un voilier et un grand bateau de pêche respectivement à 6 et 3 miles de Takoumi, et sans émetteurs AIS – comme nous, visibles seulement au radar. C’est marrant de voir de la vie quand on ne l’attend plus et tel un voyeur je les observe longuement avec les jumelles. Je viens de poser notre ligne de pêche de notre côté et Olivier prend la météo pour le reste du voyage grâce au téléphone satellite: nous devrions faire pas mal de moteur jusqu’à la nuit de vendredi et pouvoir terminer à la voile avec un bon vent les 2 derniers jours.
Après le déjeuner (poisson frais, évidemment) et un peu de repos, nous nous mettons d’accord sur la réorganisation des quarts et la procédure météo pendant la traversée à venir.
Nous constatons avec plaisir que le tuyau eau-de-mer est un outil de premier ordre à bord. Nous nous en servons pour la vaisselle, les douches, le nettoyage des poissons et du pont grâce a quoi nous avons économisé beaucoup d’eau douce depuis le départ de la Gomera. Notre jauge affiche encore le plein de 750l. Eh oui, la jauge manuelle de Monsieur Amel (constructeur) n’est pas très précise mais nous avons vite tourné ce détail à notre avantage et remplissons la cuve jusqu’au trop plein – résultat nous pensons avoir 100l supplémentaires au-delà de la marque indiquant 750 litres – d’après la jauge … .la nuit se passe plus ou moins calmement – Olivier se bat avec deux traces radar de pêcheurs sans doute une partie de la nuit mais ils resteront finalement à distance. Il aperçoit quand même des dauphins 🙂

 

5ème jour (jeudi):
Nous accusons le coup aujourd’hui, le vent retrouvé les vagues déstabilisent le bateau – au portant- et le génois claque régulièrement. Non seulement c’est déplaisant pour un tas de raisons mais nous n’arrivons pas à dormir donc à récupérer. Néanmoins, nous passons une agréable journée avec des nouveaux quarts beaucoup plus adaptés au soleil qui se couche tôt à 18h30. Nous faisons des essais avec le spi qui s’avèrent peu probants et exténuants sur ces vagues notamment. La pêche est bredouille depuis 2 jours mais la visite de très nombreux grands dauphins tachetés et blancs vers 17h nous redonne de l’énergie.
Nous décidons d’avancer notre planning d’une heure pour l’adapter encore mieux au coucher et lever du soleil. A 5h du matin, nous avons atteint plus de deux tiers du chemin (550 miles). Comme prévu le vent forcit et permet à Takoumi de mieux gérer le passage des vagues, nous dormons mieux et commençons à récupérer. La mer se forme en même temps cependant la lune montante ne nous éclaire pas beaucoup parce qu’elle se « couche » très tôt – en pleine nuit laissant le noir intense s’installer. Nous voyons les reflets du plancton qui, lui, génère des semblants d’éclairs sur l’eau tout autour du bateau. Je me suis laissée avoir plusieurs fois au début croyant que nous allions heurter une balise ! Et au sein de tous ces éléments de la nature je me dis souvent combien les spectacles que nous offrent la Terre sont merveilleux.

 

6eme jour (vendredi):
L’alternateur est réparé ! Plus beau cadeau d’anniversaire que je pouvais souhaiter ?
Ce matin j’observe nos fidèles compagnons de route: les oiseaux. Ceux-ci sont plutôt petits, noirs et je les ai baptisés les oiseaux surfeurs – ils sont bons d’ailleurs et semblent adorer prendre les vagues au plus près. Au début de notre voyage les oiseaux ne présentaient que peu d’intérêt à mes yeux. Mais au fil du temps, je les ai cherchés au réveil sachant qu’ils sont souvent les premiers sur l’eau. Il suffit d’observer pour voir de l’intérêt et de la beauté.
La mer nous bouscule comme il faut, les vagues claquent de tous les côtés, en nous poussant dans notre direction, heureusement- nous prenons la tension du vent : 8/14, 9/13., 10/16 … creu/sommet de la vague … disons-le, c’est inconfortable et ce n’est pas prêt de s’arrêter. La journée se passe et Olivier me fait même un gâteau d’anniversaire courageusement. L’événement du jour est l’arrivée d’un bel oiseau blanc qui s’est invité et installé sur la grand voile affalée depuis 17h et qui compte bien y rester. Nous sommes à presque 400km de la première terre et l’accueillons bien volontiers.

Il ne nous reste plus que 200 milles avant d’arriver dans 2 jours – dimanche matin, si tout va bien. Nous avons eu besoin de rallumer le moteur 2h sous voile ce soir pour recharger les batteries malgré l’alternateur d’arbre qui charge mais ne suffit pas. Nous réfléchissons aux différentes options en vue de trouver le bon équilibre entre les équipements pour charger sans être obligés de consommer/consumer notre vieux moteur.

 

7eme jour (samedi):
La nuit nous ayant permis de récupérer un peu, le réveil est plutôt sympa: Olivier a la douce visite des dauphins et j’ai le droit aux poissons volants par dizaines. Mon oiseau passager a pris congé vers 8h30 du matin – il me semble qu’il avait encore mieux dormi que nous lové dans la grand voile!
La journée est consacrée à la pêche et en préparant ma ligne je vois que nous en avons déjà pêché un: un poisson volant a réussi à atterrir dans un seau sur le pont pendant la nuit!

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Mais pour le reste de la journée le bilan est nul: 3/0 en faveur des poissons – les deux premières ont offert des sensations à Olivier et ont fini par se décrocher – et j’ai bataillé une demi-heure avec le dernier – une autre dorade choryphene assez fortiche qui a eu raison de la ligne – au revoir le leurre de compet’ – dommage, il marchait vraiment bien celui-là !!!

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S’ensuit la nuit de navigation qui ressemble franchement à un mouillage pourri cette fois … Et je dois reconnaître que nous avons sûrement fait des progrès parce que nous réussissons quand même à dormir … ou serait-ce le manque de sommeil qui me dicte ces inepties?
Nous passerons quelques heures à scruter l’horizon pour voir enfin la terre. L’harmattan, le vent d’Afrique qui transporte du sable nous cache ces îles voilées jusqu’aux derniers miles, qui se passent au moteur pour charger les batteries … Mais cela nous permet d’arriver avant la fermeture de la marina de Mindelo à midi le 8eme jour (dimanche). Arriver dans un nouvel endroit est toujours excitant, une nouvelle aventure mais une part de moi est un peu triste de quitter l’océan quelque temps.

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