Le voyage de Takoumi

Saison 3

Archive mensuelles: mars 2016

Tobago Cays, perle des Grenadines.

C’est une toute petite navigation qui nous mène de Mayreau aux mythiques Tobago Cays. Les passes sont étroites et peu profondes, mais le décor « carte postale » vaut bien la peine de s’y risquer un peu et ce sont deux tortues qui saluent notre arrivée dans un grand mouillage au sud de l’Ile Baradal, à quelques brasses du « sanctuaire » des tortues et protégé par une grande barrière de corail.

La place est connue et nous n’y sommes pas seuls, nombreux voiliers sur ancre, catamarans avancés jusqu’aux limites du fond de sable et day-charter en pagaille. Mais comme notre conscience écolo nous pousse à prendre une bouée ou personne ne s’attache pour ne pas avoir à les payer, nous n’y seront pas dérangés, assez à l’écart du troupeau et assez proche de l’îlot et du reef pour avoir une vue dégagée.

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Les bouées sont ici un service du parc naturel et ce sont donc des Rangers qui nous rejoignent pour percevoir la taxe du parc et la location de l’amarrage. Nous discuterons avec eux du parc, des conditions de mouillage sur l’ancre, de l’état du récif, enfin bref, de leurs efforts quoi … du coup, quand la note tombe avec une erreur en notre faveur, ils choisissent de laisser courir et de nous offrir une nuit sur les deux que nous comptons passer ici et eux, repartent avec une paire de lunettes de soleil pour leur nouvel équipier, pas équipé du tout, qui ferait bien de se trouver un chapeau aussi.

Une fois installés, nous entreprenons une longue, très longue, et exténuante nage jusqu’à la barrière de corail qui nous révèle ses coraux, plantes et milliers « d’habitants » colorés. Nous croisons même une raie chemin faisant.

Au soir de notre arrivée, nous subissons une heure de moteur comme nous en faisons désormais deux fois par jour afin de maintenir les batteries chargées. En plus, cette fois, ce ne sera pas du luxe vu le faible niveau de charge constaté. Quelques minutes plus tard, c’est Manuela qui en découvre la raison: l’alternateur de service ne charge plus … Branle-bas de bricolage et nous voilà dans l’obscurité à nous lancer dans la mécanique. Heureusement, la coupable est vite trouvée. Il s’agit d’un nouvel épisode de bris de courroie, celle-là même qui nous avait donnée tant de mal et de peine avant notre départ de France. Mais nous en avons deux neuves en stock cette fois, et je n’ai « presque » pas oublié les gestes salvateurs. L’avarie est circonscrite en moins d’une demi heure et la charge peut reprendre, comme le cours de notre soirée et de notre périple aux Grenadines.

Au réveil, Manuela s’est absentée pendant mon sommeil … Pas inquiet pour un sou, je sais où elle est partie et la rejoins aussi sec, si je puis dire, pour une baignade dans le sanctuaire des tortues. Elle en verra des pelletées, moi quelques unes seulement, mais c’est toujours un plaisir de voir évoluer ces animaux dans un espace naturel.
Le temps étant mitigé ce matin, nous attendons jusqu’après le déjeuner pour lancer une grande exploration sur l’île Baradal que nous surnommerons à cette occasion l’île aux iguanes. Les représentants de cette espèce y étant assez nombreux et Manuela plutôt douée pour les repérer malgré leurs techniques de camouflage. La fin de journée sera utilisée pour une ultime baignade sur la barrière de corail, mais avec l’aide de l’annexe cette fois.

Le lendemain matin, dernière baignade matinale avant le départ et nous apercevons le Ranger mal équipé qui porte toujours ses nouvelles lunettes et enfin … un nouveau chapeau ! Toujours est-il que nous quittons les Tobago Cays par une passe nord qu’aucun guide ne décrit mais qui se révèle plus large et praticable que l’entrée entre les deux îles.

Ceci fait, la navigation jusqu’à Bequia se passe fort bien, et comme tout est plus facile quant on connaît déjà un endroit, nous sommes ultra-efficaces pour nos occuper de tous les besoins du bord et retrouvons donc de bonne heure et avec plaisir Sheryl et son restaurant où nous dînons. Toutefois, la nuit est agitée, vent et houle du nord rendent le mouillage rouleur. Comme la pluie s’en mêle et que les conditions de navigations sont plutôt défavorables, nous décidons de rester une journée et une nuit supplémentaire.
En attendant, nous nous occupons avec les quelques bricolages en souffrance, dont de multiples vidanges du moteur hors-bord qui n’a pas, mais alors pas du tout, apprécié sont bain forcé et dont l’huile présente depuis quelques jours, les stigmates d’une contamination à l’eau.
La dernière journée est consacrée à une ultime expédition pratique à terre comprenant une visite du marché local où nous achèterons un petit quelque chose à presque tous les stands, déjeuner au Figtree, formalités douanières et derniers achats à la supérette.

Le jour du départ, nous nous levons dés potron-minet pour quitter le mouillage et profitons une heure après avoir quitté l’abri de la visite d’une belle troupe de dauphins. Nous trouvons notre confort dans un long bord de près, tantôt grisant, tantôt calme, qui nous mène à Sainte-Lucie où nous prévoyons de nous arrêter cette fois !

Proche de l’arrivée, dans le dévent de l’île, le pilote perd le sens du vent et vire de bord inopportunément. Gonflant le malheureux génois à contre. Ce dernier ne résiste pas à cette erreur et se déchire à quelques centimètres de la balafre laissée par la couture transatlantique. Mais c’est un peu plus grand cette fois, disons, deux fois plus grand 😉
Nous rejoignons donc le mouillage des « deux pitons » au moteur, vent debout et face à un fort courant inattendu. La réparation, rondement menée est du type grosse réparation du génois au scotch spécial, mais sans couture cette fois-ci.
Pour nous consoler, nous nous disons que cette déchirure survient comme pour nous conforter d’avoir commandé un nouveau génois que nous espérons récupérer dans quelques jours seulement.

Une fois tout rangé, nous goûtons enfin au calme des « deux pitons », mouillage encore dans un parc naturel mais aménagé avec dix bouées seulement. Les deux pitons sont majestueux et surplombent la baie de leur masse imposante. 800 mètres de haut ? Vraiment ? On ne dirait pas tant l’endroit est équilibré. Seule une poignée de maisons luxueuses se font discrètes et nous sommes au plus loin de l’hôtel qu’il est possible. D’ailleurs, si nous n’avions pas lu qu’il s’agissait d’un hôtel, nous ne le saurions pas. Un bon souvenir que cette escale à Sainte-Lucie.

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Ultime navigation de cette boucle Grenadine, le retour vers Le Marin est houleux. Après le manque de vent nous faisons un beau bord de près tout dessus pour longer Sainte-Lucie.

Puis nous entamons la traversée pour la Martinique avec une belle houle de face, un ris et génois enroulé pour un près rapide mais à la dérive calamiteuse qui nous conduit encore une fois à toucher les côtes Martiniquaises au niveau du rocher du diamant et à tirer des bords toute l’après midi pour remonter vers Saint-Anne et Le Marin… Des bords pas terribles s’il en est, 3 nds, 50° du cap sur un bord 6 nds, 90° sur l’autre … Obstinés dans l’adversité, nous n’abandonnerons que le dernier bord au moteur, histoire d’arriver à l’anse Caritan avant la nuit où nous y retrouvons la quiétude que nous lui connaissons.

« Liming » de Grenade aux Cays

Nous partons à la fraîche pour l’île de Carriacou afin de passer la nuit à Tyrell Bay. La remontée des 36 miles se fait au près serré par 10-15 nœuds et un peu de moteur. Parvenus à 15h30, l’annexe en état de marche nous fonçons à terre effectuer les formalités de sortie des Grenadines du Sud…Mais non, ce ne sera pas possible aujourd’hui, nous arrivons un petit quart d’heure après la fermeture du bureau des douanes à 16h! Il faudra revenir à l’ouverture demain matin. Ça commence bien…Tyrell Bay se révèle être un mouillage calme bordé d’une longue plage avec peu de commerces et cafés semblant faits de briques et de paille. Il y a une petit chantier au sud de la plage où une dizaine de marins retapent une vieux bateau de pêche en bois dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Nous prenons une Margarita chez une femme nous rappelant Cheryl rencontrée à Bequia parce qu’elle œuvre elle aussi pour l’éducation des enfants sur sa toute petite île perdue au milieu des Grenadines. Grâce à elle nous aurons internet quelques heures à bord de Takoumi ce soir – bon, pas fameuse la connexion – comme d’hab’ quoi…Nous goûtons avec beaucoup d’optimisme les steaks du boucher de Grenade pour nous rendre à l’évidence – du bon bœuf par ici n’existe pas…la nourriture en général est bien décevante dans les Antilles jusqu’ici et nous pensions au moins pouvoir devenir végétariens – mais même les légumes sont peu goûteux et surtout peu variés. Îl doit y avoir moyen de bien manger mais je reconnais que nous ne savons pas encore cuisiner local et c’est plus difficile que de l’autre côté de l’Atlantique. Nous ne restons jamais assez longtemps quelque part pour trouver les bonnes adresses qui de toutes façons ne se trouvent pas toujours à portée d’annexe ou de pied. Si bien que notre cambuse se vide peu à peu pour la première fois depuis notre départ de France – de tous ces produits plus maîtrisés que nous avons récoltés à chaque escale en Italie, à Malte et en Espagne. Enfin!?

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Le lendemain matin, rebelote nous nous rendons au bureau des douanes censé ouvrir à 9h…a 9h30 quelqu’un arrive doucement et commence les formalités des 2 bateaux devant nous. Pendant l’attente, l’annexe en profite pour se retourner – tout simplement – moteur inclus! C’est quand même la deuxième fois qu’il prend l’eau de mer celui-là, il va falloir démonter..Nous sommes gentiment remorqués par un plaisancier anglais – étant arrivée la première sur la scène du fâcheux incident, je pense pour ma part qu’il se sent coupable parce que l’attache monstrueuse de son annexe tout aussi imposante – voisine de la notre au ponton – semble l’avoir malencontreusement soulevée… On rentre donc démonter le moteur, vider le réservoir, un peu de maintenance sur les fils, vérification de la bougie et HOP, le moteur accepte enfin de redémarrer. Pour l’instant, l’incident est géré. Nous avons perdu du temps mais ne nous résignons pas et rejoignons Union Island pour les formalités d’entrée dans les Grenadines de Saint Vincent (du Nord) en moins de 2 heures. Nous croisons même notre plaisancier anglais qui revient du bureau des douanes et nous indique le chemin. Mais notre escale à Clifton Harbour (qui n’a vraiment rien d’un Port) se révèle très coûteuse – un charlatan prénommé « Bouddha » profite de notre empressement pour nous louer une bouée 30% plus cher que sur le « marché », et comme nous sommes Samedi, les douaniers nous facturent leurs heures sup – le « overtime » depuis midi….il faut évidemment leur poser la question pour comprendre pourquoi le prix a soudainement grimpé de 50%…Qui plus est, ils prennent leur temps les douaniers…c’est peu dire, nous avons passé deux bonnes heures dans cet Aéroport International (qui n’a vraiment rien d’un aéroport, encore moins international)…
Aussi en fin d’après-midi nous retrouvons avec plaisir notre bateau mais décidons de passer la nuit dans cette baie n’ayant plus le temps de rejoindre une autre destination avant le coucher du soleil. La baie est une jolie anse très mal pavée entourée de reefs de toutes parts. Le spot semble génial pour les kite surfs que nous observons derrière la barrière de corail. Fatigués de cette journée au pas de course, nous profitons d’une agréable soirée cinéma à bord – et les Cordons bleus du boucher de Grenade sont heureusement bien meilleurs que ses steaks!

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Nous faisons le trajet pour l’île Mayreau dans la matinée et rejoignons un bateau copain à Salt Whistle Bay – au moteur vu la courte distance et nous faisons des choix parfois- à cette occasion prendre une douche sans gîter ou mettre les voiles…Le boat boy n’insiste pas pour que nous prenions une bouée cette fois et nous posons l’ancre au sud de la plage. Nous retrouvons nos amis quelques heures sur la plage « carte postale » suivi d’un dîner agréable à bord de leur ketch en ferro-ciment de 14m. Bateau étonnant!

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Entre temps, un oiseau sympa s’invite dans le cockpit et nous cohabitons quelque temps. Mais au réveil c’est une autre histoire! Les oiseaux de Hitchcock, une dizaine d’oiseaux se promène de bateau en bateau sans égard pour le genre humain. Il me semble que nous sommes loin de tout ici et qu’ils trouvent leur nourriture plus facilement en importunant les plaisanciers.

Après avoir chassé les squatteurs j’enfile mon masque et mon tuba et retrouve Jean-Luc dans l’eau pour une pêche de langoustes miraculeuse – interdite il me semble mais non moins impressionnante. Heureusement qu’Olivier dort encore…Nous nous régalerons au déjeuner avant de quitter nos amis qui remontent en Martinique. Je me suis également fait un copain à Mayreau : un boat boy qui s’appelle Jérôme Olivier qui nous explique comment ils pêchent les barracudas – par 15m de fond au large avec un fusil harpon! Mais il est temps pour nous de quitter ce joli mouillage pour les Tobago Cays, destination incontournable de notre voyage à seulement quelques miles au Nord.

Grenade, c’est de la bombe

Nous parcourons le trajet de la Martinique à Grenade comme un boulet de canon à la moyenne de 5,9 nœuds pour seulement 27 heures de navigation jusqu’à Saint Georges, le principal port de l’île ou nous arrivons de bon matin, un peu désorganisés, n’ayant pas pu contacter le port avant de prendre une première place, puis une seconde, enfin attribuée par les mariniers. C’est double peine pour Manuela dont c’est le tour de réaliser les manœuvres de port.

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Au premier abord, Port Louis Marina est superbe, ambiance luxueuse, organisée comme un village de maison traditionnelle, dans une zone arborée parcourue de multiples chemins ombragés. Chaque maison y accueille une activité, bureau du port, douanes, supérette, bar ou restaurant. Il faut même ajouter une piscine à cette liste. Clairement, la marina est conçue pour accueillir de gros yachts et leurs richissimes équipages. Nous stationnons d’ailleurs proche d’un titanesque voilier auquel il faut quatre camions citerne pour abreuver sa soif gargantuesque de diesel. Il faut croire par contre que ces palaces flottants n’ont pas besoin d’internet car le service wifi « haut débit » pour lequel nous obtenons gracieusement autant de codes d’accès que nécessaire est tout aussi anecdotique qu’ailleurs, de quoi nous arracher quelques soupirs de découragement.
L’accueil est sympathique et la capitainerie s’occupe pour nous de réserver pour le lendemain la plus dispendieuse des voitures que nous ayons louées jusque là.

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Un tel environnement suggère un minimum de savoir vivre et un garde passe régulièrement pour s’assurer que les pavillons de courtoisie sont hissés dans le bon sens, et le cas échéant demander à l’irrespectueux plaisancier d’y remédier dans les meilleurs délais … aimable mais ferme demande à laquelle nous nous dépêchons d’obtempérer. Mais quelle idée aussi d’avoir un drapeau national quasiment symétrique dont seul un détail semble-t-il pas si insignifiant que ça détermine l’orientation ?

Aux abords de la marina par contre, un peu excentrée de la capitale, c’est un peu morne plaine, ceux-ci étant destinés à la réalisation future d’une luxueuse zone résidentielle, de grands hangars abandonnés, sans doute jadis des entrepôts de pêcheurs, attendent d’être reloués. On y retrouve d’ailleurs les fameux « dollar bus » où le modèle opérationnel semble copié dans toutes les îles Atlantiques depuis Mindelo jusqu’à Béquia.

Fatigués par la nuit de navigation, nous n’allons pas plus loin ce jour là et nous dînons au bateau après avoir profité du service vente à emporter du sushi bar de la marina.

Au matin de la première journée, nous récupérons notre « pas si luxueux que ça mais chouette quand même » petit SUV de location aux portes de la marina et nous partons pour notre journée d’expédition dans les terres.
Alors certes, ils roulent à gauche. Mais ce n’est pas le pire de la « route » grenadine. Non, le véritable problème de circulation dans l’île est un cruel manque de signalisation, au point que nous nous égarons systématiquement tout au long de la journée. Même les cartes routières indiquent des routes qui n’existent pas.
Et c’est ainsi que nous atteignons notre premier objectif après une heure et demi de conduite, de nombreux arrêts pour demander notre chemin et un demi tour dans la montagne. Pour un site situé à 20 minutes du port, c’est sans doute un record… Mais au moins, nous pouvons prétendre avoir très sérieusement explorés l’arrière pays et avoir rencontrés plusieurs habitants tous accueillants, allant même jusqu’à nous remercier de visiter leur île et leurs villages alors que c’est nous qui avons besoin de leur aide.

Heureusement, nos efforts sont très largement récompensés, le site de « Annandale falls » est superbe. Cette petite cascade nichée au fond d’un petit parc naturel aménagé est un souffle de fraîcheur auquel nous nous abandonnons avec délectation dans un bain d’eau douce.

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Pour l’étape suivante, c’est toujours l’eau douce qui nous attire, et le parc de « Great Lake » … Mais nous devons souffrir une ultime avanie avant d’y parvenir. A un mile du but, à l’occasion de l’arrêt à un poste d’observation de singes, la vilaine voiture refuse de démarrer. Nous sommes dépannés en moins d’une heure, mais c’est long une heure au milieu de nul part … plus ou moins à l’heure du déjeuner.

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Mais la vraie déceptions de cette pause est l’absence des singes « Mona monkey » … Peut-être les locaux les ont-ils tous dévorés ? Car s’il est quelque chose que la misère ne génère pas ici, c’est la faim. L’île généreuse et abondante pourvoyant aux besoins des habitants que l’on croise souvent machette en main activés ici ou là à la cueillette de tel ou tel fruits ou légume sauvage … Alors ? Les singes se méfieraient-ils des hommes ? Si oui, c’est à raison car nous en avons confirmation, ils en mangent aussi … d’après le panneau devant lequel nous sommes en panne.

Une fois équipé d’un « booster » (genre de batterie de secours portable), nous repartons pour le « Great Lake » où peu de locaux se baignent craignant la légende d’une profondeur incommensurable. Par contre, l’endroit est joli et c’est l’occasion pour nous de nous enfoncer dans la jungle en suivant un sentier de plus en plus abandonné et de plus en plus boueux … oui, oui, boueux, il faut bien une touche d’Angleterre dans cette histoire. J’en profite pour rappeler que cette année ont eu lieu les célébrations de la 42eme année d’indépendance ? Pourquoi 42 et non pas 40 ou 45 ? Je n’en sais rien, peut-être fêtent-ils cet événement chaque année ? En tout cas, toute l’île est parée des couleurs de Grenade. Bords des routes, rues de villages, bar et maisons sont peints en vert, rouge et jaune, donnant un air de fête à tout notre périple.

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Périple que nous poursuivons jusqu’au soir sans chercher à trop savoir où nous allons …

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Ce n’est qu’au coucher du soleil que nous nous arrêtons au bord de la route pour profiter face à la mer d’une bière bien méritée. Nous y rencontrons Kerensky, natif de l’île et content d’y habiter comme beaucoup de ces compatriotes. Il vient a peine d’ouvrir son commerce quelques jours plus tôt et nous sommes ses premiers touristes ! C’est peut-être pour ça que nous avons quand même droit à une bière alors qu’il n’en vends vraisemblablement pas et qu’il est obligé d’aller les chercher chez lui, dans son propre réfrigérateur personnel. A la fin, nous proposerons d’accompagner Sally, sa compagne, à son travail. Dommage que nous l’ayons déposée avec un bon quart d’heure de retard a l’hôpital où elle est infirmière …

De retour à St-Georges, sur le chemin du restaurant conseillé par les guides, nous auront une discussion avec le gardien du yacht club voisin auquel nous avons, une fois encore, demandé notre chemin. Il a une explication fort convaincante au sujet de la sécurité qui semble régner sur l’île, les actes de délinquances sont rarement anonymes sur une île où tout le monde se connaît peu ou prou de visu. D’ailleurs, il n’a connu aucun souci depuis les quatre années qu’il occupe ce poste.

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Notre visite de l’île étant terminée, nous partons des le lendemain matin pour visiter Prickly Bay, au sud de l’île, où après une petite navigation tranquille, nous prenons une bouée au milieu de ce qui semble être le second pôle maritime de Grenade. La baie, bordée d’hôtels et de belles résidences, est accueillante mais loin de déborder de l’activité que l’on nous avait suggérée. Un complexe hôtelier s’occupe d’animer une petite place avec Tikki-bar, restaurant terrasse et podium de concert quand au fond de la baie se trouve un chantier et un shipchandler. A noter, c’est important pour plus tard, la présence d’une boucherie « française » derrière la place.

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En fait d’animation, il y en a bel et bien à Prickly Bay, le soir même de notre arrivée se tiens un super bingo sur la place dont le gros lot n’est ni plus ni moins qu’une … vache, complète et vivante, sur pied quoi. Imagineriez vous gagner une vache au bingo de l’hôtel où vous passez vos vacances ? Et bien ici, c’est possible.
Du coup, nous ne préférons pas tenter le diable et plutôt que de gagner la vache, nous trouvons un petit bar sympa où les plats sont servis dans le jardin pour le dîner « chez Timber », mais côté bar, pas cantine …

De toute façon, de la vache, il est prévu d’en manger le lendemain soir… Sur la place du bingo est organisé un barbecue « Grill it yourself »… En fait, le concept est simple, en premier, acheter sa viande chez le boucher et venir la cuire sur un barbecue en self service au restaurant qui trouve son compte en fournissant boissons et accompagnements.
C’est donc une pure activité de « Liming », qui en bon caribéen anglophone signifie « Hang out and Socialize », soit, « Sortir et Rencontrer des gens ».
Le concept est vraiment sympa, mais il n’y a pas foule cette semaine et les efforts du musicien/chanteur/animateur ne suffirons pas a faire décoller l’ambiance. Il faut dire qu’il dédie très longuement chaque morceau à une de ses connaissances ou un artiste décédé.

La rencontre avec le boucher est plus « rentable » en terme de rencontre, il s’agit d’un couple de français qui ont ouvert la boucherie depuis 8 mois, Il nous semble qu’une petite communauté française est installées ici au sud de Grenade et globalement, ils semblent heureux de leur sort (taxes à 20% et rien d’autre), nous confirment que les grenadins ne meurent pas de faim, se servent dans la nature ou peuvent gagner 10 $ par-ci par-là en proposant de travailler chez les commerçants par exemple. A peine font-ils état de la lenteur générale (ce sont les Antilles quand même) et à leurs dires, la population de Grenade est très gentille et essaie de bien faire avec sérieux.

Somme toute, comme nous rentrons tôt et que nous avons dédiés l’après-midi à l’informatique grâce à un improbable internet de qualité correcte, la journée aura été reposante avant notre départ le lendemains matin.

Seul bémol de la journée, notre moteur d’annexe commence à faire quelques caprices. Qu’importe, nous les subissons dans la joie et la bonne humeur, insouciants de « l’enquiquinement » que nous réserve cette mécanique pour les jours suivants.