Le voyage de Takoumi

Saison 3

La revanche du Panamá

A l’issue de notre très agréable séjour aux San Blas, nous prenons la route de Carthagène des Indes, ville côtière de la Colombie.
En guise d’adieux au Panamá, nous prévoyons la première véritable route hauturière de la saison et nous nous réajustons au rythme des quarts qui se succèdent durant les 40 heures de route prévues. Face au vent et aux vagues hautes de deux bon mètres, nous allons bon train et la première nuit sur la mer des Caraïbes s’annonce bien.

Mais en mer, la confiance et un esprit serein ne protègent pas des coups du sort, et notre ultime avanie Panaméenne nous rattrape aussi sûrement et furtivement que le fauve guettant sa proie.
Au sein de cette quiétude, le glouton pilote, aidé du réfrigérateur, de tous nos instruments et lumières, siphonnent discrètement nos batteries qui sont depuis Shelter Bay notre unique source d’inquiétude bien qu’elles aient été testées bonnes pour le service par deux fois.
Les très efficaces panneaux solaires nous ayant caché toute la journée cette faiblesse latente, l’hémorragie d’énergie n’est détectée que tard dans la nuit à l’aune de l’inévitable chute de tension.

Qu’à cela ne tienne, nous pouvons bien utiliser le moteur un peu plus que de coutume pour recharger nos batteries défaillantes et poursuivre notre chemin. En plus, nous avions anticipé la manœuvre en n’emportant que peu d’avitaillement frais, nous permettant d’éteindre le réfrigérateur. Toutefois, aucun plan ne survit à la réalité du terrain et un ultime coup du sort nous place dans une situation fort inconfortable : le moteur, lui aussi, se ligue contre notre brillante échappée et décide de ne plus pomper l’eau de mer nécessaire à son refroidissement.
En même temps, difficile de jeter l’opprobe sur le sort qui s’acharne, un premier épisode « chaleureux » avait eu lieu quelques jours avant, que nous avions naïvement attribué à un simple bouchage/débouchage du passe-coque d’eau de mer par l’un des nombreux détritus dérivants aux San Blas. Une fois de plus, les événements nous rappellent qu’en bateau, il ne faut jamais ignorer les appels du pied du bateau qui a quelque chose qui le démange quelque part …

Bon, ceci dit, la situation n’est pas si critique, et dix minutes de moteur rechargent deux heures de réserve d’énergie sans que la température n’atteigne un niveau anormal de fonctionnement … Nous passerons donc la nuit et une bonne partie de la matinée au rythme de quelques recharges salvatrices.

C’est ainsi qu’en fin de matinée, frais et dispo mais au beau milieu de la mer des Caraïbes (autant dire nulle part), nous entamons une séance de bricolage dont seule la navigation hauturière nous en apprend le secret.
Bateau dérivant à la cape (position stable du bateau grâce aux voiles à contre permettant de dériver gentiment), au calme physiquement et moralement, nous changeons sans coup férir le rouet de pompe à eau avant le déjeuner. Profitant de notre confort relatif pour nous restaurer sans subir la gîte et la route.

Nous reprenons donc notre bonhomme de chemin vers Carthagène avec un moteur doublement rafraîchi et désormais enclin à compenser largement notre consommation électrique de travail comme de confort.

Quant à nos batteries, n’entretenons pas le suspens, elles seront remplacées en Colombie par deux nouveaux éléments nous garantissant encore plus d’autonomie: Deux impressionnants et pesants blocs oranges de 255Ah chacun prendront la place des batteries défaillantes, portant notre réserve totale, plus que respectable, à 510Ah. Par contre, nous raconterons plus tard comment nous les avons dénichées, ceci relevant d’une histoire … Colombienne.

1 Commentaire

  1. Chantal

    Les caprices de Takoumi sont pardonnés par ce « en même temps » , expression salvatrice chère à notre nouveau président.

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