Le voyage de Takoumi

Saison 3

Noël à St-Barth

« J’ai passé Noël à St-Barth et toi ? » – Rien que l’articulation de cette phrase dans ma tête fait résonner en moi l’insupportable insouciance égocentrique et mégalomane d’une société arrivée (souvent avant d’être partie) que l’on croise dans les lieux les plus riches de la planète … Et pourtant, j’y étais !..

A l’origine de cette étape, nous avons tout de même un peu de mal à partir de Guadeloupe car le tour d’Antigua a laissé quelques séquelles, notamment en terme de fatigue et en un mot comme en cents, nous manquons de patate pour affronter une météo agitée. Par contre, après un bref repos bien mérité (il me semble), la fenêtre s’ouvre et nous partons pour une journée et une nuit qui nous conduisent directement à « St-Barthelemy » via un crochet par « Montserrat ». Parce que bon, nous avons assez fréquenté « Antigua » pour cette année.
Cependant, il doit exister une tension inconsciente entre nous et l’île de « Monserrat », car notre trajet ne prévoit pas de nous y arrêter. Cette fois, nous croisons sous son vent, afin d’y découvrir les ruines de « Plymouth » et les cicatrices de la montagne, qui même à belle distance, témoignent de la férocité du volcan. Ce léger détour vaut à cette île le titre de « bout de terre dont nous avons le plus fait le tour sans jamais y avoir posé le pied bien que nous l’aurions bien voulu ».

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Au final, nous aurions sans doute pu au moins y établir un mouillage histoire de gaspiller les quelques heures d’avance qui nous pèsent cruellement quand nous arrivons avant notre prévision, et surtout avant le lever du jour … Il est presque impossible de décrire une arrivée de nuit à Gustavia la semaine de Noël … la côte est surpeuplée de Mega-Yachts aux projecteurs éblouissants et le mouillage encombré d’embarcations invisibles dépourvues de signalisation …
Entre lumière et ténèbres, nous trouvons notre salut dans une fuite bienvenue vers le véritable but de cette étape, le mouillage du Colombier … Et au diable les formalités d’entrée, nous les ferons à pied !
Le mouillage, que nous avons plaisir à retrouver, est presque vide, et cela nous autorise à choisir la meilleure bouée possible pour les quelques jours que nous prévoyons d’y séjourner, loin de la faune exubérante et bruyante de Gustavia.

Après quelques heures de sommeil, nous engageons promptement la mission « formalités par la terre », puisque nous n’avons pas pu nous arrêter à Gustavia pour accomplir notre devoir administratif, ni accomplir les quelques indispensables achats nécessaires à un réveillon décemment pourvu en nourriture terrestre.
Bien malgré nous, cette mission est promptement rebaptisée en « expédition » quand les premières difficultés se font sentir.
En premier lieu, la dame de nage tribord de notre toujours aussi insupportable annexe décide de reprendre son indépendance lors de l’accès à la plage. Exactement comme son homologue bâbord lors de notre précédent passage dans cette même baie ! J’en soupçonnerais presque cette annexe d’une irrationnelle incompatibilité avec cet endroit, même si en fin de compte, il s’agit surtout d’une exceptionnelle incompatibilité avec l’usage auquel elle est pourtant destinée.
Ensuite, l’unique sentier d’accès à la plage remonte abruptement vers ce qui nous semble être le point culminant de l’île. Au moins, la vue est-elle fort jolie. Au terme de cette harassante grimpette, nous arrivons non pas au centre d’un village animé, mais dans une zone résidentielle oubliée de tous, et surtout des transports en commun (y en a-t-il sur cette île ?) … la coupe est pleine quand nous trouvons refuge à l’accueil d’un hôtel climatisé dont les charmantes hôtesses nous prédisent une bonne heure de marche pour rejoindre le port de Gustavia.

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Imaginez-nous au retour (éloignement, sentier de montagne à redescendre et annexe sans rame) avec les bras chargés de victuailles et vous comprendrez notre soudaine faiblesse … nous poursuivons l’expédition en taxi !
A partir de ce moment là, tout s’enchaîne bien, Gustavia, le port, les formalités, les courses de Noël et bien entendu l’indispensable arrêt au « café de l’oubli », autant pour l’accès internet que pour la pause salvatrice.
Bien entendu, cette illusion de confort ne nous a pas épargné le retour par la montagne ni le retour en annexe estropiée, mais au moins, le terme expédition prenait-il une toute autre signification … de celles où le sourire est de mise à leur simple évocation.img_2472img_2477

Pour le reste de notre séjour au Colombier, le programme quotidien est sympathique, réveil sans réveil, promenade aquatique (je n’aime toujours pas les palmes, mais qu’est-ce que c’est efficace), un bricolage pour la forme (nos nouveaux tauds de soleils sont finis) et … beaucoup de repos et de lecture.

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Nous passons aussi un bon moment de « Christmas Spirit » le soir du réveillon au son de l’album de Noël de Michael Bubblé. Saumon, fois gras et champagne composent notre menu léger mais de circonstance.

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Bien entendu, avec tout ça et une météo pas franchement engageante, notre départ pour Sint-Marteen prend encore un peu de retard, d’autant plus qu’à notre première tentative, des rafales de plus de 30 nœuds de vent nous accueillent à la sortie de la baie et que nous préférons rebrousser chemin pour le confort d’une nuit supplémentaire … et cet ajournement est bien vu dans la mesure où c’est justement le moment choisi par le disjoncteur des instruments de navigation pour disjoncter une dernière fois, terrassé par un bouton de plastique trentenaire qu’il n’est plus possible d’enclencher … le bricolage sommaire est facile et vite réalisé, mais il promet une belle partie de plaisir pour retrouver un disjoncteur de remplacement antédiluvien.

Ce n’est donc que le lendemain que nous partons de St-Barth, où nous avons « passé Noël » pour un tarif fort appréciable de 80 centimes d’euros par jour et par personne (qui dit mieux ?).

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Et cette journée supplémentaire nous permet de voir arriver les tortues qui nous avaient mystérieusement snobés cette semaine … J’aime voir un bon présage dans le fait d’être salué par une tortue au départ d’une navigation.

1 Commentaire

  1. JM Burg

    Bravo Sylvie pour le témoignage de ton séjour à bord de Takoumi, c’est très sympa et spontané. Bon courage en Suisse il neige! Bisous

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